Au fil des textes

Dans la maison paternelle

01 juillet 2019

Cet été, nous parcourons l’évangile de Luc le dimanche, et celui de Matthieu en semaine. Luc, c’est l’évangéliste des petits et des humbles (bergers, veuves, blessé, fils perdu…). C’est aussi l’évangile du Royaume et d’un certain esprit de famille.

Au chapitre 11, les disciples s’interrogent : « Comment faire pour entrer en dialogue avec Dieu ? »

Jésus va leur répondre, mais, contrairement à d’autres enseignements religieux, il ne décrit pas de position corporelle particulière pour prier. Il ne parle ni d’environnement spécifique, ni d’ambiance harmonieuse, ni de rituel mystique. Mais il se soucie de montrer à ses disciples le contenu d’une conversation avec Dieu. Il commence par l’appeler Père. Le texte parallèle chez Matthieu dira même Notre Père. C’est une manière très spéciale d’envisager la relation qui peut s’établir avec Dieu ; une relation qui se vit dans le cadre familial et filial. L’identification de Dieu comme père nous éloigne des relations patron-salarié ou des conversations de la rue.

 

Esprit de famille

Nous voici placés dans le décor de la maison paternelle et de la vie de famille.

La vie de famille n’est jamais simple, nous le savons bien, depuis notre petite enfance. Il y a du bonheur et des tensions, des soucis, des crises, des frères et des sœurs qu’on n’a pas choisis, des adolescents apathiques ou turbulents. Il y a aussi un esprit de famille, qui fait qu’on reconnaît souvent certaines constantes dans les traits de caractère d’une même fratrie, une culture commune.

Et comprendre la paternité de Dieu est d’autant plus urgent qu’il est minuit et que quelqu’un frappe à la porte. Jésus change alors de ton pour situer la question dans le contexte de la vie de tous les jours. Il insère au milieu de son enseignement sur la prière l’histoire d’un ami qui se laisse déranger par un voyageur en pleine nuit et qui compte avec confiance sur la solidarité d’un troisième ami…

 

Qui de vous a un ami ?

Tel est le début de la parabole des trois amis. Avez-vous un ami qui accepterait d’être dérangé au milieu de la nuit ? En fait, Dieu se cache et se révèle dans chacun des trois amis : il est celui qui frappe à la porte, celui qui ouvre la porte, et même celui qui offre le pain. Cela fait écho à un passage de l’Apocalypse, au chapitre 3 : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe et si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je partagerai le repas du soir avec lui, et lui avec moi ». Si Dieu peut se présenter dans chacun des trois amis, cela veut dire aussi que l’homme peut se retrouver dans chacune des trois situations et qu’il y a urgence à se reconnaître interdépendants les uns des autres et du Père. Il s’agit de se décentrer de soi-même et de sa situation de crainte, de fatigue, de cette obscurité qui nous entoure, pour oser la fraternité.

Famille… amis… les deux sont importants (© Pixabay)

 

La clé de la maison

Notre identité d’enfants de Dieu ne repose pas seulement sur notre relation avec lui, mais elle est liée à notre capacité de relation avec les autres personnes et plus particulièrement avec celles qui ont besoin de notre soutien et de notre respect. Le Notre Père n’est pas une simple récitation de versets appris par cœur au catéchisme, c’est la clé de la maison paternelle qui nous fait entrer dans l’esprit de famille. Un esprit spécifique, un esprit maison qui suscite une famille unie, patiente, solidaire.

Corinne Akli
pasteure «?réserviste?» en Provence

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