De France et d'ailleurs

Détresse du politique

22 décembre 2016

La quatrième convention du Forum de Regards protestants s’est tenue dimanche 13 novembre, à l’Institut protestant de théologie de Paris. Consacré au politique, il a débouché sur une charte pour une parole publique crédible. En voici quelques extraits :

Nourris par une tradition protestante (à la fois conviction religieuse, conscience éthique et culture du débat et de la liberté de penser), nous souhaitons mettre en avant les quelques positions qui suivent. Ces positions, ou plutôt ces invitations, sont le reflet (…) d’un choix : nous choisissons de penser qu’il est possible de changer nos pratiques individuelles et collectives, que nous soyons responsables politiques ou simples citoyens, pour ce qui relève de la parole publique et, ainsi, de transformer le monde dans lequel nous vivons.

 

1) Tout d’abord, il nous semble important d’entrer dans l’espace public avec une vraie sensibilité à la pluralité (…). Personne n’a raison tout seul, il faut « faire avec » les autres. Alors que nous avons en France une faible culture du « dissensus », du désaccord honoré comme respectable, fondateur, soutenable, productif, il nous semble déterminant de soutenir une égale expression des consensus et des dissensus, ce qui doit favoriser la profondeur des convictions et la qualité du débat.

 

2) La possibilité même d’une parole politique et, plus largement, d’une parole publique, fait l’objet de rapports de force, qui ne peuvent être évités ou effacés. Mais veillons à toujours rééquilibrer ces rapports, de telle sorte que le plus faible ne soit pas trop faible et que certaines voix ne soient pas purement (…) étouffées.

 

3) Au-delà de tous les discours sur les politiques ou les médias, nous sommes responsables de notre parole, de notre écoute, de notre regard. Prenons donc le temps de différer notre jugement et cherchons à comprendre sans disqualifier d’avance telle voix ou telle tradition de pensée (…).

 

4) Dans la vie publique, dans les médias, nous considérons comme prioritaire de casser les mécanismes d’humiliation et de reconnaître la dignité de l’autre, adversaire ou contradicteur, soit en lui faisant place, soit au contraire en respectant sa discrétion, voire sa volonté d’anonymat. Il en va de la crédibilité de notre propre parole.

 

5) Parce qu’il n’y a pas d’un côté « la vraie vie », de l’autre « le virtuel », parce que nous incarnons vraiment l’humanité lorsque nous sommes cohérents avec nous-mêmes, restons « citoyens » aussi sur Internet ! Élaborons les modalités d’une cyber-citoyenneté et... mettons-les en pratique.

 

6) Si la « dénonciation » des injustices et des mensonges, la « protestation » et la « résistance » sont à la fois nécessaires et génératrices d’espérance, ne cédons jamais à la tentation d’en faire des postures de confort. Il nous paraît indispensable de penser ensemble la critique et la justification, la distance et la participation, en respectant à la fois la gouvernance et ce qui la met en question.

 

7) Plus encore, en intériorisant chacun les conflits qui touchent aux difficultés communes, faisons-nous porteurs des débats difficiles de notre société (…).

 

8) Être des citoyens, ce n’est pas « consommer » de la démocratie, c’est la faire vivre pour tous. Soyons donc force de proposition, là où nous sommes, dans les espaces publics et les lieux de responsabilité.

 

9) Face aux emballements médiatiques et quelles que soient nos visions du monde, il revient au politique, mais aussi aux grands groupes de conviction -dont les religions- de ramener à ce qui permet de vivre ensemble, c’est-à-dire de reformuler sans cesse l’ordre de priorité des questions qui sont agitées dans l’espace public.

 

Pour en savoir plus, voir voir www.eglise-protestante-unie.fr/actualite/detresse-du-politique.

Commentaires