Région

Dieu et César

05 février 2018

Deuxième invité des temps forts de l’Église protestante unie de l’Albigeois consacré à « La laïcité dans tous ses états », le théologien protestant Élian Cuvillier a choisi le thème de « Dieu et César » pour son intervention à la salle Jolibois.

Rappelant que le concept de laïcité est absent de la Bible et du monde contemporain à sa rédaction, le conférencier a choisi de lire et commenter deux textes du Nouveau Testament « qui ont eu des effets dans l’histoire de l’Occident » (Romains 13, 1-10 et Marc 12, 13-17). « Que tout humain soit soumis aux autorités établies car il n’y a pas d’autorités qui ne soient établies par Dieu ». Ce texte de Paul est la « traduction d’une conviction [alors] partagée par tous que le monde a été créé par Dieu », et il sous-entend une notion de verticalité à laquelle sont soumises les autorités. Élian Cuvillier souligne cette nécessité d’une verticalité à laquelle « on reconnaît une légitimité » et « sans laquelle la vie en société devient impossible ». Or, nous sommes en une époque où « l’hypertrophie des petits "moi", des petits rois, des petits droits » fait oublier cette verticalité. Cette verticalité, on l’a ensuite traduite par « Être suprême » ou, aujourd’hui, par « République ».

Elian Cuvillier@B. Tournier

Implicitement, les autorités ont également à rendre compte ; et le motif de conscience cité par Paul permet à chacun de se poser la question de sa propre place, de sa propre responsabilité. Car, comme le rappelle le conférencier, Paul a « un regard lucide sur les autorités qui s’opposent à Dieu », et son discours sur la soumission aux autorités est aussi un appel à la « capacité de chacun de juger de la situation », c'est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’une attitude passive.

L’autre pouvoir

Le texte de l’Évangile de Marc, dont la citation « Rendez à César ce qui est à César » est devenue proverbiale, conduit à une réflexion sur le pouvoir ; un pouvoir qui ne peut se prendre pour Dieu. En voulant piéger Jésus, en le sommant de dire à quel camp il appartient, les interlocuteurs de Jésus s’enferment dans leurs propres contradictions : ils ont cette pièce où figure le visage de l’occupant : César. Jésus les renvoie à leur propre confusion. « L’aphorisme peut alors être interprété de deux façons ». D’une part, dans la ligne « des deux règnes », Jésus inciterait à ne pas mélanger les genres mais, d’autre part, Jésus pourrait indiquer par cette affirmation que le plus important c’est Dieu. Jésus renvoie chacun à sa propre interprétation ; toutefois, Jésus a une position originale : César n’est pas Dieu, Dieu n’est pas César. « Ne faites pas fonctionner Dieu en référence aux notions de pouvoir car Dieu ne fonctionne pas comme César, il a un pouvoir qui se révèle dans la mort de Jésus ».

Bernard Tournier,
Membre du Comité de Rédaction d'Ensemble.

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