Édito

Esclaves

01 novembre 2020

J’ai eu l’immense privilège de partir à la découverte de l’Église protestante de la Réunion, installée sur un petit bout de France dans l’hémisphère sud, pour un temps de formation et d’installation du conseil presbytéral. Un temps à part sous la végétation luxuriante et au bord des lagons bleus de l’océan. Bien sûr, un peu de tourisme m’a permis d’apprécier les charmes de l’île. En découvrant, à flanc de montagne, le domaine de Villèle, une page de notre histoire a pris un tout autre sens.

Sur cet ancien domaine agricole se partagent deux sentiments?: beauté et atrocité. Splendide maison, parc luxuriant et vue imprenable sur l’océan. On en rêve?!

Mais une partie de l’histoire a été oubliée?! Il n’y a seulement qu’une dizaine d’années que le département de la Réunion a décidé de faire de l’ancienne plantation un lieu de mémoire de l’esclavage.

Le guide, qui a commenté la visite, explique comment cette histoire a presque failli disparaître de l’île. Comment les anciens esclavagistes ont rasé les traces du passé et comment les descendants d’esclave ont enfoui cette histoire au fin fond de leur mémoire.

Et c’est une énorme leçon que j’ai reçue de ce guide, qui avec humour, lucidité, compassion, rigueur historique a su raconter la vie de ces femmes, de ces hommes et de ces enfants, mais surtout les horreurs qu’ils ont vécues. Mais, plus impressionnant encore, sont les leçons qu’il en tire pour notre avenir ensemble.

Aujourd’hui, on veut déboulonner, casser, bâcher pour effacer les traces de ce passé de souffrances et d’horreurs. Mais sachons écouter ce guide qui nous permet d’avancer ensemble, main dans la main, vers un avenir libre.

Sachons nous libérer de nos chaînes?!

Nicolas Boutié
journal Le Cep

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