Polémique

Évangile sentinelle

22 décembre 2016

Évangile sentinelle

Les événements tragiques de ces dernières années peuvent obscurcir notre horizon. Il est tentant lorsque l’atmosphère se fait lourd de laisser la parole aux spécialistes et d’oublier la pertinence d’un Évangile qui ouvre à l’espérance.

 

 

Cette fin d’année est chargée des commémorations du 13 novembre 2015, lourde des actes terroristes commis sans états d’âme, à Paris, à Nice, en Europe, dans le monde. Elle est chargée par l’actualité douloureuse des conflits en Syrie, en Irak qui conduisent des millions de personnes sur le chemin de l’exil, de la migration et du refuge. Que dire des conflits qui nous viennent à l’esprit dont on parle peu ou plus : la Centre Afrique, le Soudan, la Turquie, la Lybie marqués du fer rouge de la terreur.

Il y a eu l’élection d’un nouveau président aux États-Unis et la vague de populisme qui l’accompagne. Que penser du Brexit qui interroge la vielle Europe, forte de son passé, fragile de son avenir ?

Envie de comprendre

Oui, cette fin d’année nous interroge, nous inquiète et l’envie ne nous manque pas de tourner nos regards vers le passé pour comprendre tant soit peu ce qu’il y a à comprendre dans ces histoires d’humanité où les évènements semblent s’enchaîner, se bousculer, se répéter à l’infini. Comprendre le temps qui passe pourtant immuable, comprendre le vieillissement des choses, leur usure, leur rupture, les mutations. Saisir l’éphémère, le permanent, le précaire et le mouvement continu de l’histoire.

Oui, nous tourner vers le passé pour apprendre à mieux scruter le présent quelquefois obscur et obscurci par un trop plein d’actualités, jeté à la face du monde. Et nous interroger en laissant la parole aux seuls sociologues, économistes, politologues, aux savants des temps modernes, aux grilles des statistiques, aux analystes pointus qui pointent les cotations, s’en référer aux seuls indices boursiers et leurs conséquences sur le reste du monde.

 

Envie d’espérance

Mais nous pouvons aussi nous interroger, à la manière dont le Christ interroge les disciples ou répond plus exactement à leurs inquiétudes, en partant du présent pour penser et préparer l’avenir. Avec le passage de l’Évangile de Luc 21, Jésus appelle « à veiller pour ne pas se laisser égarer » (v 8.). Entendons veiller par ne pas être bercé, berné, fasciné, abasourdi, écrasé, hébété, sans vie, sans réactions face aux évènements du monde, face à la réalité qui nous bouscule et nous malmène, face à d’autres voix. Ce discours de Jésus est précédé par la mise en garde contre l’hypocrisie, l’apparence, et la parabole des mauvais vignerons. Un même discours pour s’ancrer, se planter davantage dans le sol glaiseux de notre présent chargé et tangible, si jamais nous avions la tentation de nous en détacher, si jamais nous pensions possible de laisser glisser les évènements sans réactions de notre part, sans plus nous sentir concernés par la douleur et la souffrance qui nous parvient et nous atteint. Quelle résistance, car il s’agit bien de résister à la houle de l’oubli, de l’indifférence, de la peur, de la spéculation, du mépris pour imprimer dans le présent de nos jours cet Évangile Sentinelle, marque du Christ vivant, trace du Christ qui vient !

Envie de fraternité

Et de partager ce que l’Évangile nous fait partager, cette présence au monde, à l’autre mon frère, ma sœur, cette manière d’être chrétien qui nous redit notre ancrage dans la connaissance, la compassion, la fraternité, qui appelle à plus de justice, de paix, de liberté, qui laisse place à l’humour, à l’amour, à la musique : si tout ceci était menacé alors le monde tomberait dans le chaos. Évangile sentinelle qui nous ouvre les yeux pour veiller sur le présent « pour que le jour qui se lève soit plus beau » et si besoin était, de relire 2 Timothée 3,10 à 17 « Quant à toi demeure dans ce que tu as appris et ce dont tu as acquis la conviction ».

 

Valérie Mali, Pasteure à Bordeaux.

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