Familles, handicap et Église Inclusive

Faites face : entr’aimez-vous !

01 décembre 2020

« Les uns et les autres », c’est le refrain qui met en musique le vivre ensemble du Nouveau Testament. Le mot grec ainsi traduit est la contraction de « l’autre-de-l’autre ». Cela nous rappelle que, quand je regarde l’autre, c’est d’abord moi dans le regard d’autrui que je vois.

Après avoir montré l’exemple en lavant les pieds des disciples, Jésus leur laisse une nouvelle prescription : « Aimez-vous les uns les autres ! » (Jn 13,34). L’amour se vit sur le mode impératif ! Il ne se commande pas, il se recommande de lui-même ! C’est de lui que procède toute la loi qui s’ordonne en deux préceptes aussi primordiaux l’un que l’autre : « Aime Dieu – Aime ton prochain ».?Voilà pour les grands principes, et Jésus de mettre les points sur les i : « Vous serez heureux si vous le mettez en pratique ». Malheureusement, la tentation pharisienne de dire sans faire guette chacun (Mt 23,3).

Les uns aux dépens des autres

La pandémie a démasqué les soucis des uns, plus inquiets de leur liberté qu’on voudrait museler que de leur responsabilité envers les autres. Alors que la liberté est d’abord une réponse. C’est bien le souci de l’autre qui devrait inspirer notre conduite (Ph 2,3-4). Quand je fais attention à bien porter un masque, je prends soin de l’autre ! La relation à l’autre est une éthique. La fragilité de mon vis-à-vis figure ma propre vulnérabilité, nos jours à l’un et à l’autre sont comme l’herbe des champs (Ps 103,15 ; 1P 1,24). Pour accueillir l’autre il faut s’accueillir soi-même (Mc 12,31) et se montrer responsable pour l’autre ! De fait, je suis bien le gardien de mon frère.

Je le vaux bien

Pendant le confinement, plusieurs se sont retrouvés en situation de handicap : impossibilité d’accéder à bon nombre de lieux, limitation des mouvements et des activités... Au point de se sentir dévalorisés et de perdre la face. Ce qui nous a aidés à relever la tête, c’est l’entraide solidaire qui s’est spontanément mise en place ainsi que la reconnaissance de notre dépendance les uns envers les autres. La solitude a été comblée par la sollicitude. Chacun a pu prendre conscience que ce n’est pas ce que je suis ou ce que je fais qui dit ma valeur, mais que celle-ci se trouve dans le regard que les autres portent sur moi : je compte sur eux, je compte pour eux. Certes, nous ressortons de cette épreuve moins sûrs de nous, mais certainement plus à l’écoute de l’autre.

Faire toute la différence

Les leçons de la pandémie devraient nous aider à mettre en pratique les principes de l’Évangile. Accepter l’autre dans sa différence ne peut pas me laisser indifférent, cela change mon point de vue. J’ai besoin des autres pour me savoir aimé et pour aimer. La préface du livre Église et handicap mental propose de décentrer notre attention : « L’Église, ce n’est pas que nous. L’Église, ce sont aussi les autres avec des particularités qui ne sont pas forcément les nôtres, voire des particularités qui nous dérangent. » La main qui vient d’être lavée avec la solution hydroalcoolique ne peut pas dire qu’elle ne fait pas corps avec le pied lavé par Jésus, nous sommes tous dans le même bain (1Co 12,15). Et c’est heureux !

Philippe de Pol
pasteur UEEL, Fondation John BOST

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