Reportage

Habitat partagé : un projet singulier au Mazet-Saint-Voy

16 janvier 2023

Avec une population de 1150 habitants, à 1000 mètres d’altitude, le Mazet-Saint-Voy est un village marqué par la Réforme, où il fait bon vivre, une commune ouverte, tournée vers une modernité respectueuse de ses valeurs et de son environnement protégé. Le dynamisme de ce projet y a toute sa place.      

Le projet a été présenté au synode régional Centre-Alpes-Rhône en 2021 ainsi qu’à la journée œcuménique du Puy en 2022. Voici quelques témoignages accompagnant le projet mazetois.

Sœur Violaine, du Moûtier, diaconesse de Reuilly : « Le projet dont je voudrais vous dire quelques mots n’est pas spécifiquement écologique ; cependant, le souci de l’écologie est l’un de ses axes. Peut-être même plus que cela : la racine du mot écologie est oikos “la maison, l’habitat”… C’est l’art d’habiter ensemble, de respecter les équilibres, dans une maison commune : l’objet même de l’habitat partagé. »

Or il s’agit d’un projet d’habitat partagé, au Mazet-Saint-Voy.

 

Où il est question de générosité

Il est né de plusieurs générosités :

– la générosité d’un homme qui a légué ses biens à la paroisse EPUdF du Mazet-Saint-Voy ;

– la générosité de la paroisse qui a voulu que ce don soit consacré à une aventure et un témoignage qui dépassent la vie quotidienne de la paroisse : que ce soit un don pour du neuf ;

– la générosité d’une fondation, la fondation pour les ministres des Églises protestantes, qui a bien voulu être garante de cette aventure.

Ce projet a le souci de proposer une vie au cœur de l’économie locale du petit village de moyenne montagne qu’est le Mazet-Saint-Voy, de décliner l’Évangile dans la vie quotidienne, sans que les participants à l’aventure appartiennent nécessairement à une Église, d’être un lieu d’échange et d’attention mutuelle et de solidarité, d’insertion dans la vie associative et culturelle, un lieu de mixité des générations, un lieu ouvert, et un lieu intérieur.

 

Un projet intégré dans le village

Ce n’est pas une construction neuve, mais la réhabilitation d’une maison existante : pas de sol mangé sur des prés ou sur des champs, une maison à réparer, à isoler avec un chauffage au bois déchiqueté, commun avec d’autres maisons du village ; une restauration de vie de village, pour des villageois et des personnes nouvelles venant d’ailleurs, avec leurs propres souhaits et habitudes.

Une maison avec une grande pièce commune et tout à la fois des logements plutôt petits, pour la vie propre, et une vie partagée. Une buanderie partagée ? Une auto partagée ? Nous ne le savons pas encore. Quelles seront les mutualisations des moyens ? Ce sera le fruit des échanges des futurs locataires. Un groupe de « candidats » est en route ; de nouvelles personnes peuvent s’y joindre.

Les travaux, en effet, dureront vraisemblablement toute l’année 2023. Une modeste pierre, locale, et cependant un fameux acte de foi… et du travail !

 

Un appel à candidatures

On peut lire dans la plaquette de présentation les valeurs de ce projet :

« Une maison avec au cœur un projet nouveau :

– vivre autrement, dans un lien avec paroisses et Communauté des Diaconesses, dans une ouverture aux personnes du village ;

– un partage de l’essentiel, un “prendre soin” des plus âgés et des personnes seules ou isolées ;

– une dimension intergénérationnelle, une solidarité à construire au-dedans et au-dehors ;

– un désir de vivre proche de la nature. »

 

Des candidats qui s’installent avant l’ouverture de l’Habitat

C’est le cas de N. qui patiente sur le Plateau, de L. venue passer l’hiver « pour voir ». Quant à Kat, elle témoigne ainsi : « Pourquoi la spiritualité de ce projet me motive ? Pour moi, c’est une liberté, une véritable aubaine de pouvoir vivre ma vie intérieure, qui devient avec l’âge toujours plus essentielle, sans devoir constamment me justifier – voire m’excuser ou me cacher ! - dans ce monde indifférent et même hostile à Dieu. Nous aurons chacun·e notre vie spirituelle (ou intérieure) personnelle, unique ; il ne s’agit pas d’être “pareils”, la vie intérieure est une affaire solitaire ; mais nous partagerons le respect du chemin de chacun : ce respect peut nous ouvrir à des partages profonds, en tant qu’humains êtres de partage ! J’ai lu Saint-Antoine : “Les Écritures suffisent, mais il est bon de nous encourager et de nous fortifier mutuellement.” Ça me parle ! »

Quelques détails complémentaires

La maison propose huit appartements en plein centre du village, un jardin partagé sera aménagé à l’arrière du bâtiment ; les appartements auront le statut et un loyer sociaux ; la Fondation partenaire « réserve » 2 appartements pour des pasteurs à la retraite. Une petite famille déjà candidate assure la dimension intergénérationnelle. Les attributions définitives ne sont pas encore faites, mais les candidats veulent former une équipe, se sont rencontrés pour faire connaissance et ébaucher une charte de vie, même si l’installation paraît encore lointaine.

Les travaux préparatoires ont été faits. La démarche s’appuie sur les partenaires déjà cités et une équipe locale, ainsi que le diaconat et le consistoire suivent l’ensemble, non sans recourir aux expertises nécessaires, un travail qui demande du temps !

 

Aujourd’hui et demain

Attachant projet selon ses trois axes : spiritualité, solidarité, écologie, porté par les Églises du Plateau et par les habitants de proximité. Porteur de vie et d’animation, prometteur, par sa recherche d’une définition et d’une réalisation écoresponsables. Partageons l’attente et la joie de ce projet !

Martine Chauvinc-Chiffe (et l’équipe locale)
Journal Réveil

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