Osse-Oloron

Jamais seuls

29 octobre 2019

Le journal Ensemble vous propose de faire connaissance avec la communauté d’Osse-Oloron.

Des racines

L’histoire de notre communauté béarnaise commence au tout début de la Réforme au xvie siècle. Le premier pasteur d’Osse connu est Gassiot de Latourette, dans les années 1580. Alors que le protestantisme disparaissait d’Oloron et malgré un régime d’intolérance croissant, le protestantisme se maintient à Osse et, en 1788, cinquante-sept familles se font reconnaître légales et cent cinquante et un enfants sont légitimés, preuve de la vitalité de ce protestantisme montagnard qui allait vivre pendant soixante-douze ans dans l’épreuve, sans pasteur et sans temple !

Ce sont les pasteurs Cadier qui, entre 1871 et 1919, ont marqué durablement la vie de notre communauté. Le pasteur Alfred Cadier (1847-1933) fit construire le presbytère d’Osse et l’école protestante de Chaneü. Puis son fils Albert Cadier (1879-1929), pasteur d’Osse, crée en 1906 à Oloron une association cultuelle d’évangélisation, d’aide sociale et d’enseignement appelée « La Fraternité », pour montrer que l’idéal chrétien rejoint l’idéal républicain. Il décide de s’établir à Oloron en 1910 où il entreprend la construction du Foyer de la Fraternité, inauguré en 1912, qu’il présente comme « un foyer ouvert à tous où l’on prie, mais aussi où l’on travaille et où l’on vit ». Le but premier est le vécu de l’Évangile auprès des populations les plus fragiles, notamment les migrants espagnols. Cours d’alphabétisation, soins élémentaires, atelier de couture, scoutisme se vivent au quotidien à côté de la célébration du culte longtemps bilingue. C’est aussi d’Oloron, malgré le peu d’intérêt des paroissiens des deux communautés d’Osse et Oloron, que le pasteur Albert Cadier lancera en 1906 la mission française du Haut-Aragon qui, par une œuvre d’enseignement implantée à Jaca, rayonnera sur l’ensemble du nord de l’Aragon jusqu’en 1936.

Et des ailes !

Aujourd’hui les deux communautés d’Osse et Oloron sont unies depuis 1949, et les moyens de communication permettent un déplacement aisé entre les deux implantations distantes de 26 km. Seul le poids des ans peut être un obstacle !

La communauté d’Osse-Oloron est une petite communauté qui vit sa foi et ses convictions avec les autres, et c’est pour cela que « jamais seuls » pourrait être notre devise.

Être avec les autres communautés de notre consistoire du Béarn et des Pays de l’Adour. Quoique petite, la communauté d’Osse-Oloron participe activement aux temps forts du consistoire : formations, journée annuelle consistoriale, échanges de chaires, camps KT, visite des autres communautés.

Être avec les Églises évangéliques du nord de l’Espagne. Nous « assumons notre passé missionnaire » et avons à cœur de maintenir des liens forts avec les communautés de Jaca et Sabiñanigo que nous rencontrons plusieurs fois par an, en Espagne et en France. Cultes, repas, temps de rencontre, visites de sites en Espagne… Ces relations transpyrénéennes sont importantes pour nous ; elles nous font voir les Pyrénées autrement et nous ouvrent quotidiennement à de nombreuses questions, sur l’écologie notamment (liaison ferroviaire Pau-Jaca, circulation importante de poids lourds dans la Vallée d’Aspe, implantation d’ours, protection de la faune et de la flore, habitat montagnard, transhumances, pastoralisme et tourisme, services de proximité...).

Être avec l’Église catholique et l’Église évangélique. Ce sont deux partenaires incontournables ! Si nous célébrons ensemble le Vendredi saint et la Prière pour l’unité des chrétiens, c’est surtout notre partage biblique œcuménique mensuel qui rapproche le plus nos communautés. Cette année, c’est le livre de Job qui nous rassemblera, jusqu’à la soirée grillades au mois de juin. Un projet de voyage œcuménique à Taizé ou dans le sud de l’Espagne est à l’étude.

Être avec les autres religions. Nous essayons de faire vivre un groupe interreligieux avec des catholiques, musulmans et protestants. Les cinq rencontres annuelles permettent de découvrir l’autre et de mieux comprendre sa foi, sa spiritualité, son histoire. Face aux attentats ou aux actes d’incivilité, les communautés religieuses d’Oloron ont signé une Charte de la Fraternité avec la mairie d’Oloron et la préfecture des Pyrénées-Atlantiques. Comment faire vivre cette charte ?

Être avec les autres dans l’action diaconale avec des associations telles l’AEP (Association d’Entraide Protestante) et POUR (Piémont Oloronais Urgence Réfugiés). Cet aspect de la vie de notre communauté devrait nous prendre de plus en plus de temps. Déjà aujourd’hui, l’accompagnement des migrants, mineurs ou non, célibataires ou en famille, demande un engagement conséquent aux bénévoles. Le diaconat « maison », l’Entraide Protestante consistoriale, qui fonctionne bien, demande, lui aussi, un engagement que nous ne pouvons pas toujours assurer.

Vivre dans nos cités.

La communauté rayonne dans la cité lors des Journées du patrimoine et Journée des associations, et anime chaque année à Osse une après-midi « châtaignes grillées » le dimanche de l’Épiphanie et une kermesse le premier dimanche d’août.

Le gîte de Chaneü.

Notre paroisse est propriétaire d’un beau patrimoine dont un gîte d’une capacité d’accueil de vingt-huit personnes sis au cœur du village d’Osse. Pendant plus de trente ans, l’association « Les amis de Chaneü » a fait vivre ce gîte. La tâche devenait difficile et a été déléguée à deux jeunes femmes, Christel et Aurélie, qui ont insufflé un nouveau souffle à cette belle maison.

Mot de la fin avec Alfred Cadier : « Grâces soient rendues à Dieu qui a permis qu’à travers tant de persécutions, d’humiliations et de larmes, sa petite Église pyrénéenne se soit maintenue pour la consolation, l’affranchissement et le salut des âmes ! Et puissent les tenants d’un si noble héritage, loin de le mépriser ou le dilapider, en apprécier la divine valeur... »

Michel Jacob et Françoise Rubio
pasteur à Osse-Oloron et présidente du conseil presbytéral

Commentaires