Méditation

L'Ascension. Un récit à décrypter

05 mai 2018

Sans Luc, nous n'aurions point de fête de l'Ascension ! Il est le seul à raconter l'élévation de Jésus, par deux fois : à la fin de son Évangile et au début des Actes (Ac 1, 1-14).

Les deux récits présentent des différences factuelles. Luc nous invite ainsi à ne pas lire ses textes littéralement, naïvement. En fait, il a eu l'audace de transformer en récit, ce que d'autres textes affirment sans développer d'images : « Dieu l'a souverainement élevé » (Ph 2, 9) écrit Paul à propos de Jésus en citant un hymne. Il a été « élevé dans la gloire » lit-on en 1 Tim 3, 16.

Un tableau de l'Ascension@Wikimedia

La vérité théologique est que Jésus appartient désormais au monde de Dieu. Luc nous la donne à voir, car tout bon historien du 1er siècle doit illustrer la vérité qu'il affirme. La culture de son temps adhère sans problème à ce type de récits, saisissant leur sens symbolique : dans le monde juif l'ascension d'Élie ou d'Hénoch ; dans le monde gréco-romain, la montée au ciel de héros. Des récits contemporains racontent l'apothéose d'empereurs romains morts, leur passage dans l'espace sacré par élévation.  De façon polémique, Luc affirme audacieusement, que la seigneurie céleste de Jésus, surpasse celle du Seigneur Empereur ! Il nous faut ainsi décoder les détails du récit pour en saisir le sens théologique et ne pas en rester à une imagerie simpliste. Les 40 jours dans la Bible fixent une durée symbolique (les 40 ans d'Israël au désert ou les 40 jours de Jésus en ce lieu). Pour les rabbins, 40 jours symbolisent un temps d'apprentissage complet : d'après Ac 1, le Ressuscité a pleinement instruit ses disciples avant de les quitter. La nuée qui dérobe Jésus aux yeux des disciples évoque bien sûr la présence divine comme dans l'Exode. Jésus est absorbé dans le monde divin. Désormais, il est présent aux siens spirituellement et non de façon matérielle.

À vous de jouer

Le récit d'Ac 1 ouvre l'avenir. L'ascension apparaît comme une parousie à l'envers. La parousie, c'est le retour du Christ à la fin des temps. De même que Jésus est parti dans le monde de Dieu, de même il reviendra (Ac 1, 11). Mais l'espace temporel qui s'ouvre ne doit pas être passif, anesthésié par une attente spéculative : quand va-t-il revenir ? Jésus refuse catégoriquement à ses disciples tout savoir en ce domaine. L'essentiel est le temps qui s'ouvre devant eux, devant nous, temps du témoignage. « Vous serez mes témoins » : promesse et ordre décisifs. Pour cela, les disciples seront équipés. L'Esprit leur sera donné. Le témoignage s'ouvre au monde entier, de Jérusalem jusqu'aux extrémités de la terre. Les deux hommes en blanc (Ac 1, 10-11) comme au tombeau vide, renouvellent cet ultime envoi en mission du Christ. Pas question de passer son temps à scruter le ciel, le monde inaccessible de Dieu, mais à nous d'agir dans l'espace temporel, à la durée inconnue, qui va du départ du Seigneur à son retour. L'histoire du salut se déploie dans le temps et l'espace, écartant l'idée d'un retour imminent de Jésus.       Jésus vivant, glorieux, sera mystérieusement présent auprès des siens. Il leur donnera le soutien de l'Esprit. Mais à eux de jouer désormais. Jésus s'efface pour que nous entrions en action !

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Prière

Ils ne le verront plus de leurs yeux.

Ils ne le toucheront plus de leurs mains.

Jésus ne s'installera plus sur le banc, ou sur un coussin,

près de la table pour partager leur repas.

Et pourtant il est présent,

avec eux

avec nous

tous les jours,

jusqu'à la fin du monde.

C'est lui le Christ ressuscité et monté auprès du Père,

c'est lui qui nous accueille tous aujourd'hui.

ÉÉRV - Textes liturgiques 1997.

Françoise Pujol,
Pasteure du Lauragais.

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