Évangélisation

La petite figurine qui faisait des miracles

01 avril 2020

À Poitiers, une petite équipe de cinéphiles se réunit de temps en temps pour parler d’un film. Lors de sa sortie, chacun va le voir. L’équipe se réunit ensuite pour en parler. Ce jour-là, c’était le film Jésus de Hiroshi Okuyama, sortie en France le 25 décembre, le bien choisi.

L’un d’entre nous anime et commence par quelques mots sur le réalisateur. Hiroshi Okuyama a 23 ans et c’est un premier film primé au festival de Saint-Sébastien.

Une effigie vivante

Yura, le jeune héros, quitte Tokyo avec ses parents pour s’installer dans une ville dans la montagne, chez sa grand-mère qui vient de perdre son mari. Il est scolarisé dans une école luthérienne (et non pas catholique comme l’affirment les critiques !) et découvre les rites chrétiens (célébration quotidienne, prière, etc.).
Cela méritait un bref exposé sur le christianisme au Japon avec l’arrivée des jésuites au XVIe siècle, la répression (voir le film Silence de Martin Scorcese sorti en 2016), puis au XIXe siècle, l’ouverture avec l’ère Meiji et le retour des missionnaires catholiques, protestants (Hollande et États-Unis) et orthodoxes. Aujourd’hui le nombre de pratiquants est très minoritaire, de l’ordre de 500 000 fidèles.

 

Après que Yura a reçu une carte avec une image pieuse représentant Jésus en robe et cheveux longs, tout ce qu’il y a de plus kitch, cette effigie vivante et drôle lui apparaît et l’accompagne. À l’occasion, ce Jésus scintillant de 20 cm fait des miracles (comme faire tourner le tourne-disque endommagé en courant sur le vinyle !).

Pour un conte initiatique

En discutant de ce film, nous reconstituons ensemble le cours de l’histoire, recollant les morceaux oubliés par les uns et les autres. Jusqu’à évoquer ce qui est le tournant du film que nous ne vous révélerons pas ici. Alors que tout était propre et lisse comme la neige recouvrant l’école et son jardin, la vie de Yura va basculer et la présence de l’image de Jésus se faire plus rare.
Nous avons parlé de la présence et de l’absence de Dieu dans nos vies, nous nous sommes interrogés sur le bien fondé de l’utilisation du film en catéchèse, et nous nous sommes accordé sur la beauté de ce conte initiatique, intimiste et jamais prosélyte, où l’espérance se trouve peut-être au-delà de la fenêtre de papier opaque dans lequel, sur les dernières images, Yura fait des petits trous avec son doigt à l’instar de son grand-père tel que nous l’avons découvert au tout début du film.
La galette préparée par notre hôtesse avait le goût des groupes de maison où la chaleur du feu de bois et le plaisir d’être ensemble à quelques-uns fait Église.

© Closing Remarks
Stéphane Griffiths

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