Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Histoire

Le désert, d'hier à aujourd'hui

24 septembre 2024

Dans l’histoire du protestantisme français, on désigne par le terme de « Désert » la période allant de la révocation de l’édit de Nantes (1685) à la Révolution française (1789). Durant cette période, les protestants furent persécutés, privés de leurs temples et de leurs pasteurs, et ont dû pratiquer leur foi en secret. Cet épisode a durablement marqué la mémoire collective des protestants de France et est commémoré chaque année à Mialet dans les Cévennes.

 

Histoire du Désert protestant

Grâce à l’édit de Nantes, promulgué en 1598, les protestants pouvaient pratiquer leur culte librement en France, coexistant avec la majorité catholique. Mais, après l’assassinat d’Henri IV, ses successeurs ont progressivement annulé ces libertés, jusqu’à la décision de Louis XIV de révoquer l’édit en 1685.

Cette révocation marque le début du Désert ; elle a conduit à l’exil de 300 000 protestants, tandis que ceux qui restaient en France ont été contraints de se convertir, du moins en apparence, ou de vivre en fugitifs dans leur pays. Pour autant, la plupart continuent de vivre leur foi dans le secret de leurs foyers ou lors d’assemblées clandestines.

De 1685 à 1715, on parle de « Désert improvisé » lorsque des rassemblements clandestins spontanés se forment sous l’impulsion de prédicants ou prophètes sans formation particulière. À partir de 1715 et sous l’impulsion d’Antoine Court, les protestants réorganisent leurs Églises afin de revenir aux textes bibliques et de contrer les dérives du Désert improvisé. Des pasteurs partent se former en Suisse et, à leur retour, se met peu à peu en place une organisation concertée entre les différentes assemblées. À partir de 1740, la répression va se relâcher et les assemblées pacifiques vont sortir peu à peu de la clandestinité.

Symbolique du Désert

De même que pour les enfants d’Israël, après leur sortie d’Égypte, le mot « Désert » exprime à la fois la souffrance et l’espérance, l’épreuve et la fidélité, la persécution et la résistance. Comme eux, les huguenots traversaient non pas une punition mais un temps d’épreuve. Ensuite, ce mot évoque aussi ces lieux abandonnés, isolés, à l’abri des persécuteurs, où les huguenots pouvaient célébrer leur culte en pleine nuit, avec une conscience accrue du danger qui pesait sur leurs épaules. Le « Désert » devient ainsi le lieu où les protestants retrouvent leur identité, leur foi et leur communauté.

 

Héritage du Désert

D’après Antoine Nouis, la période du Désert a durablement marqué l’éthos protestant français. Elle a renforcé leur résistance à l’absolutisme et l’attachement à la liberté, mais aussi une forme de piété individuelle due à la nécessité de se cacher et d’anticléricalisme puisqu’ils ont subsisté sans pasteur.

 

Le musée du Désert

Ce musée, situé au Mas Soubeyran à Mialet dans les Cévennes, retrace les grands chapitres de l’histoire du protestantisme français, dont celui du Désert. Chaque année, le premier dimanche de septembre, des milliers de protestants (entre 5 000 et 8 000 selon les années), venus de France et d’ailleurs, se rassemblent sur ce site pour l’Assemblée du Désert. Loin d’y voir un jardin des supplices, une commémoration du ressentiment, on y rappelle en ce lieu les persécutions parce qu’elles donnent, en même temps que le prix, le sens de la résistance qui s’est ensuivie. Pourquoi résistaient-ils ? Pour être protestants.

Laurène d’Ambrières

Commentaires