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Les saints

08 novembre 2017

Dans nos sociétés sécularisées, les « saints » ne figurent guère plus que sur le calendrier ! Cependant, l’Église catholique y recoure encore et les saints demeurent un sujet de discorde entre les confessions catholique et protestante. Sur quelles raisons s’appuie ce désaccord profond ?

La raison principale est une vision différente de l’homme ! Les saints vénérés par l’Église catholique sont des hommes et des femmes extraordinaires. Leur vie est ponctuée de miracles. Elle frise avec le légendaire. Pensons, par exemple, à Saint Christophe, protecteur de tous ceux qui utilisent des moyens de transport. Une légende le fait passeur d'un enfant au bord d'un torrent furieux ; un enfant devenu si lourd sur ses épaules que Christophe découvrit qu'il s'agissait de Jésus, le créateur du monde. Par leur générosité, leur bravoure ou autre les saints touchent au divin. Les actes qu’ils ont accomplis constituent, avec ceux de Jésus et de Marie, un trésor dans lequel l’Église puise pour compenser les défaillances de nous autres, humains « ordinaires ».

Les grandes figures du protestantisme peuvent faire

l'objet d'une dérive idolatrique

En somme, les « forts » viennent en aide, rachètent même, les « faibles ». Rien n’est plus contraire à la pensée protestante et, nous le pensons, à la Bible. Pour nous, il n’y a pas de saints : il n’y a que des sanctifiés ! Les hommes, les femmes, quels et quelles qu’ils soient, sont des pécheurs. Éternellement et fondamentalement. Il ne s’agit pas là d’une morale culpabilisante. L’homme est pécheur car, fondamentalement, il est tenté de refuser de vivre en relation avec Dieu. Il préfère tracer sa propre voie, être sa propre loi, sans jamais dépendre de quelqu’un. C’est cela le péché. Et, même si nous avons donné notre vie à Dieu, cette tentation rejaillira à certains moments, dans certaines situations. Dieu nous aime malgré cela. Il aime non pas des saints mais des pécheurs ! Par son amour, il nous sanctifie, nous « rends saints et justes ». Comme le disait Martin Luther, « l’homme n’est pas aimé de Dieu parce qu’il est beau [saint] mais il est beau [saint] car il est aimé de Dieu ».

En savoir plus

Je me demande…ce que signifie la fête de la « Toussaint » ?

                Célébrée le 1er novembre, la fête de la Toussaint signifie, chez les catholiques que, au-delà des saints canonisés, auxquels un culte et des prières peuvent être adressés, de nombreux chrétiens et non chrétiens (par exemple Abraham, Moïse, David, Job), ont atteint la communion avec Dieu.

Je me demande…s’il y a des saints « récents » ?

                Bien entendu. Le pape Jean-Paul 2 a eu tendance à simplifier les procédures au cours de son pontificat. Parmi les saints récents, pensons à Saint Pio de Pietrelcina (2002). Depuis 2012, les pape Benoit XVI et François ont reconnu la sainteté de personnes depuis longtemps vénérées par une région : Hildegarde de Bingen (2012) ou Pierre Favre, par exemple.

Je me demande…si Luther et Calvin ne sont pas l’équivalent des saints dans la tradition catholique ?

                Effectivement. Il peut exister par endroit une sorte d’idolâtrie de Luther, Calvin ou même des Camisards, dans les Cévennes. Mais c’est une dérive qu’il faut dénoncer. Personne, dans le protestantisme, n’adresse cependant de prières à ces personnes. Nos pères restent des exemples, qui nous aident à penser.

Christophe Jacon,
Rédacteur en chef d'Ensemble.

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