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Mobilités urbaines

Loin de la route déchaînée

25 avril 2025

Pour limiter les émissions de gaz à effet de serre en ville, les municipalités encouragent l’usage du vélo. Exemple à Bordeaux, entre peloton responsable et échappées spirituelles.

En France, la voiture est responsable de 57 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports, lui-même à l’origine du tiers des émissions au niveau national. De plus en plus de municipalités œuvrent à limiter la pollution dans les centres-villes. À Bordeaux, ville la plus embouteillée de France où le relief est majoritairement plat, 378 kilomètres de pistes cyclables (plus de 1 000 à l’échelle de la métropole) permettent aux cyclistes de se déplacer en centre- ville, mais pas seulement. Robert Cabane, président du conseil presbytéral de Bordeaux Ville, explique qu’« on peut atteindre la plupart des lieux de la métropole à partir du centre en moins d’une demi-heure, sauf pour les endroits les plus excentrés ; de plus, il est généralement possible de monter dans les TER avec son vélo, et même dans les tramways aux heures les plus creuses ». Les pasteurs Pascal Lefebvre et Corinne Gendreau s’accordent sur la commodité de son utilisation, et apprécient d’éviter les problèmes de stationnement et les embouteillages, de pratiquer un peu de sport et de pou- voir couvrir un périmètre d’environ 20 kilomètres autour du presbytère (soit 40 allers-retours), lorsque l’on

compte sur une assistance électrique. On pourrait croire ces initiatives isolées, mais les paroissiens ont eux aussi suivi la tendance. Robert Cabane constate que « les râteliers à vélo disposés près de nos temples sont de plus en plus garnis, dans une progression modeste mais réelle. » Une tendance générale, puisque le nombre de cyclistes quotidiens est en constante augmentation depuis le début des années 2000, pour atteindre 100 000 aujourd’hui. Forte de ce succès, Bordeaux poursuit le développe- ment de son réseau cyclable. À titre d’exemple, une nouvelle piste à double sens longeant les hangars est actuellement en chantier, pour un coût de deux millions d’euros. Elle vise avant tout à sécuriser les déplacements des cyclistes et des piétons, ce qui semble une nécessité pour accroître leur nombre, car ils se disent souvent apeurés de devoir circuler au milieu des voitures.

Un usage protestant du vélo ? Si la piste cyclable donne un senti- ment de protection et de sérénité, le vélo « permet une respiration entre deux activités et incite à la réflexion en pédalant », assure Corinne

Gendreau. Cycliste de longue date, Robert Cabane explique que son choix n’est pas qu’écologique : « L’Évangile peut nous inspirer une posture humble face aux organisations exprimant la puissance, voire la recherche d’une toute-puissance. C’est exactement ce qu’on ressent en tant que piéton ou cycliste face aux voitures (de plus en plus obèses) qui sillonnent les rues et aux infrastructures qui leur sont des- tinées (voies rapides, parkings géants, etc.). Les transports en commun pro- cèdent d’une autre idée, la puissance n’émanant pas d'un individu mais de la collectivité. Mais leur coût et l’énormité des travaux pour les établir font pareillement réfléchir. » Le vélo, poursuit-il, peut même inviter à la prière :

« Avec une attention flottante, dirigée sur tout ce qui se passe autour mais sans penser à quoi que ce soit de très précis, on se trouve dans une disposition d’esprit propice à la prière : parler à Dieu ne nécessite aucun raisonne- ment ni aucune recherche de souvenir, mais simplement d’ouvrir son cœur et de laisser venir. Quand j’évoque cette dimension, certaines personnes me prennent pour un insensé, croyant que la prière nécessite de fermer les yeux : rien de plus faux ! »

 

Chloë Money
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