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Ma vie, mon Dieu

29 février 2020

Invitation à suivre un chemin spirituel et humain avec le Psaume 139.

Psaume 139 (Traduction Segond 1910)
1 Au chef des chantres. De David. Psaume.
Éternel ! Tu me sondes et tu me connais,
2 Tu sais quand je m’assieds et quand je me lève,
Tu pénètres de loin ma pensée ;
3 Tu sais quand je marche et quand je me couche,
Et tu pénètres toutes mes voies.
4 Car la parole n’est pas sur ma langue, Que déjà, ô Éternel ! tu la connais entièrement.
5 Tu m’entoures par derrière et par devant, Et tu mets ta main sur moi.
6 Une science aussi merveilleuse est au-dessus de ma portée,
Elle est trop élevée pour que je puisse la saisir.
7 Où irais-je loin de ton esprit, Et où fuirais-je loin de ta face ?
8 Si je monte aux cieux, tu y es ; Si je me couche au séjour des morts, t’y voilà.
9 Si je prends les ailes de l’aurore, Et que j’aille habiter à l’extrémité de la mer,
10 Là aussi ta main me conduira, Et ta droite me saisira.
11 Si je dis : Au moins les ténèbres me couvriront, La nuit devient lumière autour de moi ;
12 Même les ténèbres ne sont pas obscures pour toi, La nuit brille comme le jour, Et les ténèbres comme la lumière.
13 C’est toi qui as formé mes reins, Qui m’as tissé dans le sein de ma mère.
14 Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables, Et mon âme le reconnaît bien.
15 Mon corps n'était point caché devant toi, Lorsque j’ai été fait dans un lieu secret, Tissé dans les profondeurs de la terre.
16 Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient ; Et sur ton livre étaient tous inscrits Les jours qui m’étaient destinés, Avant qu’aucun d'eux existât.
17 Que tes pensées, ô Dieu, me semblent impénétrables ! Que le nombre en est grand !
18 Si je les compte, elles sont plus nombreuses que les grains de sable. Je m’éveille, et je suis encore avec toi.
19 Ô Dieu, puisses-tu faire mourir le méchant ! Hommes de sang, éloignez-vous de moi !
20 Ils parlent de toi d’une manière criminelle, Ils prennent ton nom pour mentir, eux, tes ennemis !
21 Éternel, n’aurais-je pas de la haine pour ceux qui te haïssent, Du dégoût pour ceux qui s'élèvent contre toi ?
22 Je les hais d’une parfaite haine ; Ils sont pour moi des ennemis.
23 Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon cœur ! Éprouve-moi, et connais mes pensées !
24 Regarde si je suis sur une mauvaise voie, Et conduis-moi sur la voie de l’éternité !

Comme si ce Psaume avait été écrit pour accompagner toute ma vie, il commence en dessinant une image de Dieu, comme on la raconte souvent aux enfants. Dieu est partout, il sait tout, il me connaît et sait même ce que je pense. Dans cette croyance rassurante, j’ai appris que Dieu est bon et là, et qu’il s’occupe de tout et avec une fidélité sans faille. Je ne pouvais que louer un tel Dieu et m’en suis réjoui.

 

Seulement, l’enfant que j’étais a grandi ; j’ai cherché de plus en plus d’autonomie. Cette présence fidèle, ce Dieu devant lequel je ne peux avoir aucun secret, celui qui me sonde et me connaît jusqu’au plus profond de moi, qui me connaît même mieux que moi-même, devient de plus en plus oppressant. La main qu’il met sur moi devient lourde et je veux lui échapper, je veux avoir un petit jardin secret, je veux devenir indépendant. Car grandir, c’est finalement aussi ça – devenir autonome et indépendant, n’est-ce pas ?
Donc, je m’éloigne de lui, je cherche d’autres dieux et lui tourne le dos.

 

Mais où puis-je aller pour être vraiment indépendant de lui ?

« Où irais-je loin de ton esprit, Et où fuirais-je loin de ta face? »

Pas besoin de chercher dans les cieux – IL y habite, et pas besoin non plus d’aller chercher dans le royaume obscur de la mort – IL a vaincu la mort.

Je décide donc d’aller habiter aux extrémités de la mer qui ne se situent sur aucun rivage paradisiaque et ne sont accessibles ni par bateau ni par avion. Car les extrémités de la mer correspondent à l’endroit qui a été séparé par Dieu lors de la Création - quand il y avait le grand Tohu-Bohu et quand Dieu séparait les eaux d’avec les eaux, quand il rassemblait les eaux hostiles à la vie d’un côté et la terre qui accueille la vie de l’autre, il créa un lieu de vie – notre terre – et un lieu de non-vie, ces eaux où Dieu ne me trouvera certainement pas.

 

Avec des ailes de l’aurore – en utilisant la liberté absolue que donnent la fantaisie et la poésie, allons vers ces eaux, voire au-delà de ces eaux pour échapper à Dieu. Vivons librement comme le fils prodigue et profitons de notre indépendance et, si jamais cela ne suffit pas, partons vers les ténèbres puisque Dieu est lumière. Là, sans doute, là où la lumière n’est pas, Dieu n’est pas et ne me surveillera pas, là je serais vraiment libre de celui qui est devenu tellement oppressant et étouffant.

 

Seulement, le Psalmiste, et avec lui moi qui doute, nous faisons une découverte surprenante.

En faisant fi de toute logique et sans aucun raisonnement raisonnable, IL est là. C’est ce que signifient les « ténèbres qui ne sont pas obscures » ou, comme le dit la TOB, « les ténèbres [qui] ne sont pas ténébreuses ».

Je découvre alors un Dieu qui se caractérise par sa présence discrète – sans m’obliger à quoi que ce soit, il est là avec moi, là où je me trouve. Quelle surprise de ne pas me retrouver en face de celui qui punit, qui condamne, qui raisonne, mais de me retrouver, même dans les ténèbres les plus ténébreuses, avec cet amour qui éclaire toute obscurité.

 

Quelle surprise ensuite de me découvrir, non pas comme celui que je voudrais bien être ou justement ne pas être, non pas comme celui que je devrais être selon mes parents, selon la société ou selon moi-même, mais comme celui que Dieu voit en moi, que Dieu a créé et voulu, que Dieu aime tel qu’il est, découvrir « que je suis une créature si merveilleuse » grâce à l’amour de Dieu.

 

Je m’étonne, je ne crois pas mes yeux, je veux savoir, comprendre et connaître des choses au-delà de la naissance et au-delà de la mort et j’arrive toujours à cette même conclusion : que louer Dieu, c’est le seul sens que prend la vie.

De nouveau les pensées de Dieu me semblent impénétrables, de nouveau je ne comprends ni ce qui se passe autour de moi, ni en moi-même.

Comme d’un long sommeil rempli de rêves et de cauchemars « je m’éveille et je suis encore avec toi. » Au bout de multiples errances, à la fin des chemins voulus ou non choisis et de voyages dans mon for intérieur, je fais toujours le constat qu’IL est là, discrètement, sans s’imposer, souvent à l’ombre de moi-même, IL est avec moi.

 

Et pourtant il y a des ennemis, mais pas forcément là où je les soupçonne, combien de fois je me fais une toute autre image de Dieu, combien de fois j’ai peur de lui, combien de fois j’en fais un juge intransigeant, dur et juste dans sa sainteté. Combien de fois d’autres croyants ou non-croyants veulent nous faire croire que Dieu ne serait pas amour, que Dieu ne pardonnerait pas tout, que Dieu ne serait pas plus grand que notre péché, plus grand que notre propre volonté ?

Et voici les ennemis dont parle le Psaume, ces ennemis que je connais si bien, car ils sortent de mes idées, sortent de mon cœur, viennent de moi-même et du coup ces versets 19 à 22 ne sont rien d’autre que de dire autrement: « Et ne nous laisse pas entrer en tentation ».

 

Après avoir fait tout ce voyage avec Dieu tout proche, Dieu trop proche, voyage pour fuir Dieu et après être revenu vers Dieu qui pourtant a toujours été avec moi, je reprends les formulations du début, je confesse ma foi comme un enfant en de mêmes termes qu’au verset 1 – tu me sondes et tu me connais. Mais vous voyez bien la différence dans la formulation :
Maintenant j’invite Dieu librement, viens et sonde moi, viens et connais si je suis sur un bon chemin. Sa présence n’a plus rien d’oppressant, sa main ne pèse plus lourdement sur moi, mais en pleine confiance, le vieux croyant que je suis, je peux me blottir contre mon Père qui est – sans faille – là.
Andreas Braun
pasteur à Bordeaux Sud-ouest (Talence)

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