Billet du Président du Conseil Régional

Mutation nécessaire de la forme

05 février 2018

Nous ne cessons de dire et de constater que les codes culturels, les usages relationnels, les repères sociétaux évoluent très rapidement. À tel point que cela donne parfois le tournis, fait naître des craintes, crée de l'incertitude et surtout de l'impuissance.

Ainsi, une phrase rituelle revient en boucle : « Ah ! De mon temps cela ne se serait pas passé ainsi… », déclinée aussi en « si j'avais dit ça à mes parents » …. Ces sentences renvoient à des pratiques révolues mais n'agissent guère sur la situation pointée du doigt. Elles laissent penser la plupart du temps qu'avant « c'était mieux ». Elles portent en germe l'idée qu'il ne faut pas trop vite changer et qu'il est préférable de tenir ferme les pratiques de l'ancien monde. Est-ce la bonne manière de faire ? 

Alain Pelissier, Président du Conseil Régional
de l'EPUdF du sud-ouest@C. Jacon

Continuer l’effort

Il faudrait sans doute favoriser une autre attitude qui consiste à passer au crible les évolutions et savoir retenir ce qu'elles ont de meilleur. Cela permettrait aussi de se rendre compte que ce qui était accepté hier n'est plus supporté aujourd'hui. Tous les domaines sont touchés : des idées aux pratiques, et bien sûr les contingences du protestantisme ne peuvent y échapper. Les dernières semaines m'ont permis de réaliser, grâce au cumul de quelques expériences, qu'il fallait que nos théologies et nos coutumes fassent une place à la forme et ne se concentrent pas seulement sur le fond. Certes, il nous a été enseigné qu’il fallait porter son attention sur ce qui allait être prêché et ne pas perdre son temps aux conditions matérielles. Mais en voici les conséquences : notre protestantisme est le champion toute catégorie des bancs bien durs, des sonos qui fonctionnent mal, des chauffages improbables, des lumières blafardes. ... Peut-être que nos parents étaient heureux comme des pinsons dans cet environnement, ou faisaient avec, mais pour la jeune et moins jeune génération, ce n'est plus possible. Je force sans doute un peu le trait ? Je l'espère. Mais je vous assure que mon dos, mes oreilles et mes yeux ont été bien mal traités ces derniers temps et ce n'est pas seulement à cause de la cinquantaine ! Bref, dans les nécessaires mutations de notre protestantisme, nous avons sans doute à prendre conscience que la forme est tout aussi importante que le fond. Renversant, non ? Une expérience menée dans un temple tout confort à Lausanne a démontré que même le protestant rigoriste avait finalement beaucoup de plaisir à écouter et participer au culte dans un environnement porteur et que cela jouait aussi sur sa décision de revenir. Comme quoi... Nous avions bien commencé cette révolution au 16e siècle avec l’introduction des bancs, des abats voix, des tribunes mais l'effort est à reprendre dans les plus brefs délais !

Alain Pelissier,
Président du Conseil Régional.

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