internet et nous...Chrétiens

Oui et non

18 février 2017

Internet bouleverse le monde. Il est en train de changer notre manière de faire les courses... Il est surtout en train de modifier profondément notre manière de « vivre-ensemble ». Quelles questions cela nous pose à nous autres chrétiens ? Aujourd’hui, une réflexion sur notre capacité à dire non.

Un peu partout sur les panneaux des grandes villes ou sur les annonces télévisuelles fleurit un pouce levé. En quelques années, ce signe s’est imposé pour signifier l’accord que nous donnons à telle personne sur tel ou tel propos. Sur internet, cela s’appelle : « liker ». « J’aime », « tu aimes » ce que je dis sur ta / ma page Facebook. Sur Twitter, le pouce levé a disparu au profit d’un petit cœur mais le principe est le même. Les « publications », les « commentaires » qui pullulent sur internet cherchent les « like ». C’est une course effrénée à l’amour en somme.
Savoir dire non
Cette course a un inconvénient majeur : elle encourage le binaire (oui / non ; blanc / noir) voire même le monolithique. Beaucoup de personnes m’avouent avoir « liké » une publication qu’elles n’avaient tout simplement pas lue ou pour « faire plaisir » à la personne qui l’avait publié. Mais sur le fond, ces personnes reconnaissaient être en désaccord, parfois profond, avec ce qui était affirmé dans le commentaire. Avec cette course aux « like », où tour à tour, les uns sont acteurs et commentateurs, beaucoup n’osent plus dire non. Et pourtant, comme le souligne Isabelle Sorente, chroniqueuse sur France Inter, cela vaut le coup de s’accrocher : « L’art de savoir dire non, c’est une forme de résistance politique. Si nous nous laissons submerger par l’empathie, si nous n’osons pas dire non pour ne pas faire de peine, ce n’est pas juste par bonté. C’est aussi parce que nous voulons préserver notre image de personnes sympathiques et populaires. Mais qu’est-ce que ça veut dire de vivre à l’heure de la communication ? Ça veut dire vivre dans la terreur permanente d’être rejeté, pas seulement par la personne à qui nous disons non mais par tous les autres si nous ne sommes pas assez sympathiques. Il semblerait, d’après les psychologues, que cette peur de ne pas être sympathique, soit en augmentation. Au travail, en famille, dans l’espace public, c’est partout la dictature du « like », du « lol », du sourire et de la séduction. Nous devons en permanence prouver notre capital séduction. C’est cette performance obligatoire de communicants qui nous empêche de dire non au risque de nous rendre étranger à notre propre vérité ».

Savoir dire non!@internet


Dire oui
L’Évangile nous encourage à la vérité. Souvenons-nous de la parabole des deux fils où l’un dit non à la requête de son père et finit par faire ce qui lui avait été demandé et où l’autre répond oui mais ne fait rien (Matthieu 21,28-32). Si notre parole doit tenir compte de l’autre, être pleine de grâce à son égard (« Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment il faut répondre à chacun » Colossiens 4,6), comme celle de Dieu envers nous, cela ne peut se faire sur le dos de la vérité ! Nous n’avons pas à participer à cette frénétique course d’amour et de reconnaissance. Qui que nous soyons, nous savons que nous sommes aimés inconditionnellement par Dieu. Il nous « like ». Que sa grâce nous suffise et nous pousse à la vérité.

Christophe Jacon,
Journal Ensemble.

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