Quand l'art du clown rencontre la Bible
Grâce à sa naïveté et ses multiples langages, le clown invite ses spectateurs à changer de regard sur une situation, avec respect, humilité et poésie. Une méthode qui peut aussi donner accès à la Bible d’une manière rafraîchissante.
Le clown distrait. Mais il permet aussi de s’évader et de rêver en ouvrant une fenêtre sur une autre vision du texte, en le transformant par son imagination et par des métaphores poétiques. Il propose des situations cocasses, génératrices de réactions souvent inattendues. En offrant ses compétences artistiques au service du jeu, le clown amène de la vie et ouvre des possibles. Personnage loufoque et maladroit, le clown prend le chemin du jeu pour entrer en relation avec les personnes. Il se situe « ici et maintenant », sans aucun a priori ou jugement, et porte ainsi un regard différent sur les situations qu’il transforme et valorise. La figure du clown est en permanence aux prises avec quelque chose qui le dépasse. Il essaie de faire quelque chose, il n’y arrive pas, puis se laisse surprendre par les événements.
Le clown porte un nez rouge, le plus petit masque existant. Ce masque participe au dévoilement, car il permet de retirer toutes les couches de vernis social, les différents rôles que l’on peut avoir, les conventions et les bonnes manières que l’on a apprises.
Un accès ludique aux récits bibliques
L’ humour du clown, en soi, n’est pas incompatible avec la foi chrétienne. De nombreux théologiens et chrétiens à travers les siècles ont utilisé l’humour pour enseigner, édifier et rapprocher les individus de Dieu. Jésus lui-même utilisait parfois l ’ironie ou des expressions choquantes pour amener ses auditeurs à réfléchir autrement. Cependant, le clown ne cherche pas à réduire les Écritures à une simple source de rires.
Le défi réside dans la manière de maintenir la dignité et le respect envers le texte sacré tout en le rendant accessible ou ludique. Par exemple, lorsque Jésus apparaît à Thomas (Jean 20/24-29), celui-ci veut constater physiquement les blessures de Jésus sur la croix. Quand le clown interprète cette scène, il peut laisser apparaître son doute, son envie de reconnaître Jésus, et sa complicité avec lui, qui lui donnera envie de le suivre. Dans le psaume 139, il est dit que Dieu nous voit, quelle que soit notre position, notre état. Le clown, avec l’assemblée, peut vérifier cela, de manière concrète, en permettant à l’assemblée de se lever, s’asseoir, marcher, poser la main sur son voisin, etc. Ces gestes partagés permettent, dans la joie du clown, d’ancrer le texte dans une réalité concrète. Le clown permet d’accéder aux textes bibliques par un langage différent, corporel, relationnel et parfois, son intervention peut permettre, par sa naïveté, d’amener la réflexion vers d’autres possibles. Il offre une perspective nouvelle sur des sujets sérieux, rendant la réflexion plus accessible, et peut même, parfois, dénoncer des abus ou des dérives dans la pratique religieuse.
Les récits bibliques peuvent ainsi servir de métaphores permettant d’explorer des problématiques modernes telles que l’inégalité sociale, la justice, le rôle des femmes dans la société ou l’amour inconditionnel. En jouant sur des éléments comiques, les clowns invitent l’assemblée à réfléchir sur des enjeux d’actualité tout en revisitant des histoires ancestrales. En faisant cela, ils cherchent à établir un dialogue entre les générations, à décomplexer la relation avec le sacré et à rendre les récits bibliques accessibles à ceux qui n’osaient pas y entrer.