Veillez car Jésus vient
Lire la Bible, c’est aussi méditer, s’interroger, cheminer… Nous vous proposons un accompagnement dans la lecture de l’Évangile du dimanche 29 novembre 2020.
TEXTE BIBLIQUE Marc 13, 33 – 37 Prenez garde, restez éveillés, car vous ne savez pas quand ce sera le moment. Il en sera comme d’un homme qui, partant en voyage, laisse sa maison, donne autorité à ses esclaves, à chacun sa tâche, et commande au gardien de la porte de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand viendra le maître de maison : le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou au matin ; craignez qu'il n’arrive à l’improviste et ne vous trouve endormis. Ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez. |
« Veillez » Trois fois ce mot résonne dans ce court passage qui clôt le chapitre 13, chapitre qui parle des temps derniers, ce qu’on appelle parfois « l’apocalypse de Marc », ce temps qui précède le retour du Christ. Veiller, c’est donc l’attitude que doit avoir le chrétien dans cet « entre les temps » du déjà là et du pas encore. Les premiers chrétiens attendaient avec impatience le retour du Seigneur et au moment où Marc écrit son évangile (vers l’an 70), certains commencent à douter et à trouver ce temps bien long. Il y a ceux qui commencent à quitter la communauté et ceux qui essayent de la détourner à leur propre profit. Il n’est donc pas étonnant que les évangélistes (lisez Mt 24) et les auteurs des épîtres (voir 1 Thess 5) essayent d’encourager les croyants à la persévérance, même si par moments cela semble difficile voire inutile. La gestion du Royaume Le constat est bien là en effet : le maître est parti en voyage. Il a confié la responsabilité de la bonne marche de sa maison à ses serviteurs. Ils ont autorité, dit Marc : ils ont la signature sur les comptes et la latitude d’organiser le travail comme bon leur semble. Ils n’ont pas tous le même profil, sans doute sont-ils plus ou moins jeunes, plus ou moins instruits, plus ou moins aptes aux différentes tâches. Mais chacun a un rôle : il y a de la place, il y a une activité pour tous ! Personne n’est laissé de côté. Le maître n’a donc pas laissé un vide derrière lui, dans le sens où ce serait l’anarchie totale. Il a formé les serviteurs, les a préparés à cette période d’absence. S’il s’est absenté ce n’est pas par manque d’intérêt mais parce qu’il a à faire ailleurs aussi. Cela me fait penser à des versets comme Jn 10,16 : « J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de ce troupeau. » Dieu se tient à la porte En attendant, les serviteurs doivent veiller et Marc prend bien soin de nous dire qu’il s’agit d’une veille de chaque moment : matin, midi, soir ou au milieu de la nuit. Cet état de veille est pour tous, mais en particulier celui du portier : c’est lui qui doit discerner si c’est bien le véritable maître qui revient et pas un imposteur. Ce qui est frappant, c’est que notre texte est écrit au présent : lorsqu’il s’agit du Royaume de Dieu, il ne s’agit pas d’un futur hypothétique mais d’une réalité bien actuelle et présente : c’est aujourd’hui qu’il faut veiller car c’est aujourd’hui que s’ouvre devant nous la possibilité de la rencontre avec ce Dieu « qui était, qui est et qui vient ». Pour le dire avec des mots compliqués : nous ne sommes pas dans le temps linéaire du chronos qui ferait de nous des sentinelles anxieuses tendues vers un moment à venir, mais nous sommes dans le moment du kairos : Dieu est là, à la porte de notre cœur : à nous de rester éveillés pour vivre en conscience ce moment où le maître vient (Marion Muller-Collard, in Éclats d’Évangile, p. 347). Nous lisons ce texte pour le premier dimanche de l’Avent et nous sommes bien éloignés d’une fête mièvre autour du petit Jésus dans la crèche. Mais n’est-il pas beaucoup plus beau de nous savoir entraînés vers l’avant, d’apprendre à être vigilants et de savoir que le Maître se tient à la porte ? |