« Ainsi, personne sur terre ne pourra plus être un tyran » (Psaume 10,18)
Parole d’espérance au cœur de la détresse. Est-ce l’image du Royaume ? Il n’y aura plus de travail d’enfants. Il n’y aura plus de réseau mafieux de prostitution. Il n’y aura plus de dictature affamant les populations. Il n’y aura plus d’asphyxie économique. Il n’y aura plus de populations réfugiées, obligées de fuir leur pays.
L’espérance, c’est la reconnaissance par chaque être humain qu’il n’est rien de plus que ce qu’il est mais qu’il l’est pleinement devant Dieu, avec les autres, ses contemporains. Tout le psaume tend vers cette espérance, celle de ne plus être maltraité, moqué, discriminé, étouffé, tué. « Ainsi, personne sur terre ne pourra plus être un tyran » Avant d’en arriver là, le psalmiste passe d’abord par une longue plainte. Complètement pris au piège du malheur dans lequel il se trouve, il n’a plus, pour seul recours, que sa prière à Dieu. L’homme interpelle Dieu. Malgré son désespoir, il sait que Dieu se souvient, qu’il entend, qu’il voit, qu’il garde en mémoire les événements, les promesses, les paroles. Le cri de désespoir se transforme en accusation contre le tyran. Il porte plainte contre lui et prend Dieu à témoin. Il exige l’intervention de Dieu pour qu’Il élimine le tyran. La description du méchant nous montre un être sans scrupule, qui se croit tout puissant, près à tomber sur tous les faibles dont il peut profiter. Il ne bute sur aucun obstacle. Aucun frein ne vient stopper sa violence.
Le droit pour protection
Le malheureux fait appel à Dieu pour qu’il rétablisse la justice. Il n’y a que le droit et surtout l’application du droit par une justice effective qui peut sortir les deux personnages d’une situation de malheur.
Le malheureux doit être protégé de la violence du méchant. Et le méchant doit se voir opposer des règles de droit dont l’application mettra un frein à sa violence. Le méchant ne sera plus identifié par sa violence, mais par sa capacité à être en relation apaisée avec les autres. « Tu écoutes avec attention, pour faire droit à l’orphelin, à l’opprimé. » (v 17-18). Si Dieu confie sa justice au service de l’orphelin et de l’opprimé, c’est parce qu’ils n’ont eux-mêmes aucun pouvoir pour se défendre. Les forts ont rarement besoin d’en appeler à Dieu. Ils savent faire peser la justice de leur côté. À tel point que, sans l’intervention de ceux qui ont le souci de la justice pour tous, et plus particulièrement pour ceux qui en sont exclus, la vie serait pour le malheureux comme celle décrite par le psalmiste. Et ce n’est pas qu’une hypothèse ! Bien des gens se sentent exclus par un système qui les maintient en marge. Et la réaction au malheur n’est pas toujours une plainte adressée à Dieu, ou un appel à l’aide auprès de gens capables de les soutenir. La réaction au malheur peut se transformer en haine, en violence.
Appel à l’engagement
L’appel du psalmiste à la justice de Dieu est une parole qui nous engage à lutter avec Lui pour que les plus fragiles ne soient pas laissés de côté, et pour que les tyrans soient freinés dans leurs méfaits. C’est un engagement exigeant et difficile. Il est indispensable pour ne pas laisser ces questions aux seuls spécialistes. Chacun de nous est appelé à participer à sa mise en œuvre pour que la peur de l’autre ne se retourne pas en privation de droits. Dieu compte sur chacun de nous pour participer à son Royaume en marche. « Ainsi, personne sur terre ne pourra plus être un tyran. »
Ps 10 - extraits :
Sans honte le méchant exploite les pauvres.
Il se tient embusqué. En cachette il assassine l’innocent.
Seigneur, debout !
Brise le pouvoir du méchant.
Seigneur, tu entends les souhaits des humbles,
Tu leurs rends courage.
Tu écoutes avec attention, pour faire droit à l’orphelin, à l’opprimé.
Ainsi personne sur terre ne pourra plus être un tyran.