Dans la Bible

Frères et soeurs

28 mai 2021

« On choisit ses amis, on ne choisit pas sa famille » est une affirmation qui laisse entendre que les relations familiales peuvent être très compliquées. Vous êtes ici invités à un parcours biblique sur la question de la fraternité.

Dès le début du premier Testament ça commence très mal avec l’histoire de Caïn et Abel.

Puis cela continue à ne pas aller très bien avec Jacob et Esaü, Rachel et Léa, Joseph et ses frères, et les fils de David qui se battent pour la succession. Le deuxième Testament n’est pas en reste avec la rivalité entre Jacques et Jean, entre Marthe et Marie et ne parlons pas du frère aîné du fils prodigue.

Les récits bibliques sur les relations entre enfants d’une même fratrie n’ont rien de romans à l’eau de rose. On y trouve l’envie et la jalousie, la tricherie, la haine et la rivalité ; la vraie vie, quoi. On tue, on vole, on viole même dans les familles.

Et puis, que dire de ces chrétiens qui s’appellent « frères et sœurs » entre eux mais qui ne sont pas capables pour autant de vivre en harmonie et qui se disputent à longueur de textes ? Pourquoi les relations fraternelles sont-elles souvent si compliquées ? 

 

Vocation

Le frère (ou la sœur) m’est donné : ce n’est pas moi qui choisis mais ce sont mes parents. Il me faudra accepter ce fait accompli. Du coup, ce n’est pas une relation choisie, mais qui est à construire. Caïn pose une question essentielle quand il lance à Dieu : « Suis-je le gardien de mon frère ? ». Caïn refuse de considérer Abel comme le frère qu’il est et l’ami qu’il pourrait être, mais le voit comme un concurrent qu’il faut éliminer pour pouvoir occuper toute la place. Mais la question qu’il pose à Dieu dit bien en creux le contraire : le frère c’est celui dont on se préoccupe, celui dont on prend soin. Ce souci de l’autre, c’est une notion qui va traverser toute la Bible. Toutes ces fratries contrariées nous montrent ce qui est demandé depuis le début et ce qu’il est si difficile de faire: que nous adoptions ce frère, que nous développions un lien d’amitié et d’amour fraternel avec lui. Car c’est bien là ce que Dieu demande de nous : reconnaître en l’autre le visage de Dieu. La fraternité dépasse, et de loin, le lien du sang.

L’amour

Car dès le Premier Testament nous dépassons ce lien biologique puisque Israël déjà est défini comme une communauté de frères et sœurs où chacun a une place reconnue. A la fin de ce qu’on appelle le code de sainteté en Lévitique 19, qui rappelle pour beaucoup le Décalogue, il est dit (v 18) : « chacun de vous aimera son prochain comme lui-même. Je suis le Seigneur ». 

Ce thème du prochain à aimer comme soi-même sera un thème central de l’enseignement de Jésus et de la vie chrétienne. Christ lui-même sera le frère de tous, ce qui fait dire à Paul (Rm 8,29) : « Dieu les a choisis d'avance ; il a aussi décidé d'avance de les rendre semblables à son Fils, afin que celui-ci soit l'aîné d'un grand nombre de frères et de sœurs ».

C’est donc bien le fait d’être crée à l’image de Dieu, d’être adopté par Lui à travers le Christ, que nous sommes « ses enfants par Jésus Christ » (Eph 1,5).

Une espérance

La fraternité nous est donc offerte comme un cadeau. « Va trouver mes frères, dit le Christ ressuscité à Marie de Magdala, le matin de la résurrection (Jn 20,17). Ce n’est pas une chose facile, Matthieu en sait quelque chose puisqu’il met dans la bouche de Jésus ces paroles (Mt 5, 43-45) : « Vous avez entendu qu'il a été dit : “Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.” Eh bien, moi je vous dis : aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. Ainsi vous deviendrez les enfants de votre Père qui est dans les cieux. »

La bible nous montre qu’il est possible de devenir frères et sœurs grâce à ce cheminement dans la foi. La fraternité est bien de l’ordre de l’espérance.

Elisabeth Brinkman
Pasteure à Brive

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