La vache

Du bled au Salon de l’Agriculture de la Porte de Versailles, un voyage inattendu et plein de tendresse dans la France rurale d’aujourd’hui. Malgré son titre, Jacqueline, la vache tarentaise de Savoie, n’est pas la star du film, mais le prétexte pour Fatah, le vrai héros, d’aller à la rencontre des autres. Au départ, il n’a d’yeux que pour sa vache, la préférant à sa femme et ses deux filles, puis au cours de ce road-movie, il leur ouvrira son cœur, en toute pudeur. Ce film a des airs de Béatitudes.
Heureux les doux, car ils posséderont la terre
Fatah est un petit paysan algérien, qui vit de peu. L’amour qu’il porte à sa vache et le soin qu’il donne à ses légumes, lui procurent assez pour vivre et subvenir aux besoins de sa famille. Il n’aspire à rien de plus, dans cette terre aride. La seule chose qui le fasse rêver serait d’aller au Salon de l’Agriculture de Paris. Récompensé pour sa persévérance, il finit par recevoir la précieuse invitation pour faire concourir le bovidé. Alors tout le village, respectueux de sa modestie et de son courage, va se cotiser pour lui payer la traversée jusqu’à Marseille. Il rejoindra Paris à pied et en camionnette, au gré de ses mésaventures, dormant à l’étable ou aux bords des champs, avec Jacqueline. Voyageur décalé, il ne se laissera pas étourdir par les lumières françaises. Il ne perd pas pied malgré le choc culturel. Tout juste, une petite cuite à la poire, qu’il paiera cher.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu
Sincère et attendrissant, Fatah séduit, malgré lui parfois, tous ceux qu’il rencontre : le beau-frère menteur, l’agricultrice accablé, l’aristo endetté, les médias… Ils lui livrent leurs mensonges, leur solitude, leur dépression… Son cœur pur lui permet d’entrevoir l’Autre dans les autres. Sur son passage, l’espoir et le sourire renaissent. Généreux, il profite de sa passagère médiatisation pour réconcilier son beau-père et son beau-frère. À travers ces rencontres, Fatah lui-même redécouvre l’amour qu’il porte à sa famille.
Soyez dans la joie et l'allégresse
Cette comédie n’est pas le film de l’année, mais un bon moment à passer en famille. Cette fable humaniste contient des dialogues croustillants, sensibles et d’une belle répartie. Bref, cette variante contemporaine de La Vache et le Prisonnier d’Henri Verneuil (1959) promeut les valeurs d’humanité, de solidarité, de fraternité et de courage. Et le salon de l’Agriculture, me direz-vous !
Ce n’est pas l’arrivée, mais le chemin parcouru qui compte, n’est-ce pas ?