En Église

La vie paroissiale à l’épreuve des mobilités

01 septembre 2019

Comment faire coïncider les habitudes de vie d’une Église qui se pense dans la durée et la continuité avec des personnes dont la vie est, sur bien des plans, séquencée et offrant peu de visibilité ?

Une des premières difficultés est qu’il n’y a pas une, mais des mobilités. Mobilité géographique durable ou pendulaire (et il y a peu de rapport entre une migration à l’autre bout du monde et une vie à cheval sur deux lieux lorsque l’on possède une résidence secondaire). Mobilité technique ou numérique, qui permet parfois de vivre à un endroit en « appartenant » à un autre (une personne habitant Tahiti s’est inscrite au week-end de paroisse parce qu’elle en avait entendu l’annonce lors du culte retransmis sur internet et que cela correspondait aux dates d’un séjour en France !). Mobilité spirituelle : de plus en plus de personnes au cours de leur existence traversent des cultures ecclésiales diverses (chez nous le « huguenot » familier des psaumes en version Marot-Goudimel se fait rare… Et souvent le djembé ou la guitare sont plus adaptés que l’orgue pour l’accompagnement des cantiques de référence !).

Le temple de Marseille-Grignan © DR

Un accueil au-delà d’un simple bonjour

Et bien sûr, non seulement ces mobilités peuvent se conjuguer entre elles, mais, en plus, on ne répond pas aux défis que chacune pose de la même façon. En Église, nous avons testé quelques pistes au fil du temps. L’accueil doit être vécu comme préoccupation à part entière. Il ne s’agit pas seulement d’accueillir avec un sourire les personnes qui viennent au culte, mais de s’organiser pour faire vraiment connaissance avec elles et accueillir leurs expériences passées, leurs potentialités, et leurs limites. Par exemple : un carton sur lequel on peut laisser ses coordonnées ou ses questions, disponible à l’entrée de l’Église. Un contact téléphonique rapide permettra d’affiner la demande  : une invitation ou une visite offrira à la fois de faire connaissance et d’expliquer le fonctionnement de la paroisse ; la mise en route d’une activité inhabituelle parce que justement arrivent quelques personnes à qui cela correspondrait et qui n’étaient pas là avant, etc.

Reconnaître les rythmes qui diffèrent

Adapter le rythme des activités est une nécessité. Les temps chômés ou travaillés (retraite, vacances scolaires) et les occasions de retrouver ceux dont nous vivons éloignés rythment nos emplois du temps plus que les fêtes liturgiques, et la plupart des personnes que nous accompagnons n’ont pas suivi un parcours catéchétique complet et continu (baptême, école biblique, catéchèse, confirmation). Les temps changent !

On peut par exemple : proposer des temps de rassemblements de la communauté autres que les fêtes classiques, à une date adaptée au rythme local ; proposer des temps de formation sur des cycles brefs, des « séries » sur quelques semaines ou quelques mois ; développer des « mises en réseau » qui font le lien entre deux « présences » via internet (envoi de liens avec vidéo ou lectures, binômes travaillant sur une question à distance, etc.).

Faire confiance à la confiance

Il nous faut apprendre à discerner efficacement et à faire confiance rapidement. Si on attend plusieurs années avant de confier des responsabilités, les personnes seront reparties avant que nous ayons pu bénéficier de leur engagement. Cela aussi est une tâche à part entière pour que, sans précipitation, il soit possible aussi d’imaginer des ministères qui puissent s’inscrire de façon graduelle au service de l’Église : intégrer une équipe de liturges ou d’animation de telle activité, mais aussi accueillir une vocation et la laisser se déployer même quand cela n’était pas « prévu ».

De la rapidité avec laquelle nous manifestons aux personnes qu’elles font vraiment partie de la communauté dépend souvent la richesse qu’elles trouvent comme nous dans la vie ecclésiale.

Anne Faisandier
pasteure à Marseille-Grignan

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