Après la crise

Le repos

29 juin 2020

Certains culpabilisent au moment de partir en vacances. Or, le repos succède au travail, il en est question dans la Bible dès la Création.

« Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon. […] Au septième jour il chôma, après tout l’ouvrage qu’il avait fait. Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, car il avait chômé après tout l’ouvrage qu’il avait fait.» (Genèse 1,31 et 2,1-3)

 

Ce septième jour devient ainsi le couronnement de l’œuvre créatrice de Dieu. Il a travaillé très fort pour chasser le chaos, sortir du tohu-bohu et créer un monde habitable où chaque créature peut trouver une place et recevoir un nom, c’est-à-dire une reconnaissance. Puis Dieu se pose pour contempler l’œuvre de ses mains, dans une joie intense.

C’est cette contemplation et cette joie que véhicule dans la Bible la notion de sabbat. Plus qu’un simple repos après un dur labeur, le sabbat signifie « arrêt » ou « chômage » ; il est à recevoir comme un jour de joie et d’émerveillement. Une bénédiction, prononcée autant sur le travail bien fait que sur le repos réparateur qui suit. Travail et repos deviennent ainsi les deux faces de la vie devant Dieu, d’une égale importance et bénis autant l’un que l’autre.

La Bible nous raconte dès sa première page que le sabbat, ce jour du repos, n’est pas un simple moment de détente, mais un besoin spirituel essentiel pour le bonheur de chacun.

À tel point que les textes qui régissent ce jour du sabbat, notamment dans les livres de l’Exode et du Deutéronome, vont ouvrir ce jour-là à tous ; non seulement le Juif croyant ne travaillera pas mais également : « ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne ni aucune de tes bêtes, ni l’étranger qui est dans tes portes. Ainsi, comme toi-même, ton serviteur et ta servante pourront se reposer » (Dt 5,14).

 

Dieu, qui a créé le monde et tout ce qu’il contient, nous demande de sortir de la course au toujours plus. Il impose des ruptures dans notre rythme de travail et dans notre chasse effrénée à la productivité. À tel point qu’au-delà du jour de chômage hebdomadaire il demande que, périodiquement, la terre puisse se reposer et les compteurs sociaux soient remis à zéro durant l’année jubilaire. (Lv 25)

Ce thème de la justice sociale va être aussi un des thèmes majeurs chez les prophètes. Esaïe, par exemple, lie très fortement la justice sociale au respect du sabbat (Es 58, 6 et 13) : « Le jeûne tel que je l’aime, le voici, vous le savez bien : c’est libérer ceux qui sont injustement enchaînés. [...] si tu parles du sabbat comme d’un jour de joie réservé pour mon service et qu’il convient d’honorer ; si tu le respectes effectivement en renonçant à travailler, alors je deviendrai la source de ta joie. »

 

N’est-il pas de notre devoir de retrouver ce goût de fête les jours de repos ? De dire haut et fort que le travail et le repos sont tous deux des dons de Dieu qu’il convient d’honorer et de respecter ? Par respect du travailleur d’abord : la crise de Covid-19 nous a montré, s’il le fallait, où étaient nos manquements dans le respect du travail de ces personnes dites « essentielles » et souvent si tragiquement sous-évaluées. Acceptons enfin que nous ayons une limite et que nous devions respecter celle-ci. Prenons le temps du partage, de l’accueil, de vacances de tout ce qui nous entrave. Vous ne croyez pas que Dieu regarde cela avec une grande joie ?

Elisabeth Brinkman
Pasteure à Brive

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