Noël

Musique !

23 novembre 2020

Jusque dans la seconde moitié du xixe, dans les églises de traditions réformées, les seuls psaumes étaient chantés a capella et à l’unisson lors du culte. En revanche, dans les églises luthériennes existait une tradition musicale qui a permis l’émergence de grands compositeurs d’Église dans le monde protestant germanique.

Pour Martin Luther, homme de foi aimant la musique et musicien accompli, sa musique sera donc l’expression de la louange et de la foi de tous les fidèles. Pour que toute l’assemblée chante, Luther va être l’inventeur du choral, chant sans refrain et sans antiphonie. Le souci pédagogique de Luther est de reprendre avec des paroles en langue vernaculaire des airs catholiques attachés à telle ou telle période liturgique, de composer des musiques originales, ou de reprendre des airs populaires. Mais toujours le même principe d’une note-une syllabe, de mélodies simples, facilement mémorisables, compositions originales, chansons connues, hymnes grégoriens. Quant aux paroles, elles sont celles des psaumes mais également l’évocation de l’incarnation, des souffrances, de la mort et la résurrection de Jésus Christ, ainsi que l’expression de la foi du chrétien.

En revanche pour Calvin, les psaumes étaient les seuls textes convenant au chant. Par conséquent, les calvinistes excluaient du chant tout autre texte que celui du livre des Psaumes et un ou deux cantiques bibliques. Cela eût pour conséquence que le chant à plusieurs voix et l’usage des instruments de toutes sortes furent expressément proscrits. Et si les fêtes chrétiennes furent conservées dans les églises calvinistes, elles n’ont pas donné lieu à la création de cantiques propres.

Oratorio

Héritier principalement des passions du Moyen Âgel’oratorio apparait au xviie siècle en Italie. Il se caractérise par la mise en action du récit biblique mais sans effet scénique. Dans les pays catholiques, l’oratorio va se substituer à l’opéra lors de la semaine du carême. Dans le luthéranisme, c’est avec Heinrich Schütz que va naître l’oratorio allemand, avec notamment son Oratorio de Pâques, ses Passions, et son Histoire de la Nativité qui est uniquement composée de citations des évangiles de Luc et de Matthieu.

Les oratorios de Bach vont à la fois avoir une trame fondée sur le récit évangélique, le rôle de l’évangéliste étant confié au ténor. Ils empruntent au madrigal des textes poétiques illustratifs et incluant des chorals harmonisés à quatre voix. Contrairement aux oratorios de Georg Friedrich Haendel qui étaient destinés au théâtre, ceux de Bach le sont pour une exécution à l’église.

Cantates

En 1734, Bach composa une suite de six cantates pour le temps de Noël, qu’il nomma lui-même « Oratorio ». Le récit évangélique allant de la Nativité à l’Épiphanie forme un tout, mais son exécution est répartie sur les trois jours de Noël, le jour de l’An, le dimanche suivant et enfin le jour de l’Épiphanie. Pour ce faire, le cantor de Leipzig réutilisa la musique de cantates profanes antérieures pour les airs et les chœurs, la nouveauté résidant dans les récitatifs du ténor-évangéliste et l’adjonction de chorals harmonisés à quatre voix. Ce qui peut surprendre est le premier et le dernier choral de l’Oratorio de Noël qui sont chantés avec la mélodie d’un choral de la Passion : la signification est parfaitement claire pour un luthérien, pour qui l’Incarnation annonce déjà la mort de Jésus Christ.

Bernard Tournier
Comité de rédaction

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