« Rien de ce qui est humain ne m’est étranger » (Térence)
Depuis tant d’années nous sommes abreuvés d’incantations aussi louables que vagues, proclamant que « la diversité est notre force » ou que « nos différences sont nos richesses ». Lorsqu’un député de Dordogne est menacé de mort en raison de son handicap, lorsque les stades de foot bruissent d’échos racistes et que l’antisémitisme s’affiche sur les murs des villes, on comprend que l’apanage de la parole démiurgique est très restreint.
Les protestants voient aujourd’hui venir à eux de nombreux fidèles déçus ou en quête de liberté. Que trouveront ces derniers en face d’eux ? De beaux discours ? Une sincère volonté de connaître qui ils sont ? Des actes concrets qui les intégreront à lacommunauté ? Force est de constater que cette dernière a déjà du mal à vivre avec ceux de ses frères qu’elle juge un peu trop turbulents.
Lorsque l’on exerce des pressions sur un auteur pour qu’il modère son propos à notre convenance, lorsque l’on s’oppose à donner la parole à certains au motif que leurs convictions ne s’accordent pas avec les nôtres, lorsque l’on tente de disqualifier certains propos jugés un peu trop dérangeants, on constate que pour certains, appartenir à une communauté – et c’est humain – réveille des velléités de contrôle uniformisant.
Sur quoi voulons-nous fonder la fraternité dont nous nous réclamons ? Sur une ouverture de façade, vite effarouchée par la contradiction ? Sur un désir de connaître ceux qui ne nous ressemblent pas, quitte à quelques frictions propres au débat ? Elles sont souvent revigorantes : n’en soyons pas effrayés.
Sommaire de Ensemble n°402 (juin 2025)
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