Mc 10, 2-12

S’attacher au projet de Dieu

01 octobre 2021

L’évangile du dimanche 3 octobre n’est pas un texte facile qui gagne à être relu dans la perspective d’amour de Dieu.

Marc 10, 2-12 (Traduction Nouvelle Bible Segond)

2Des pharisiens vinrent lui demander, pour le mettre à l'épreuve, s'il est permis à un mari de répudier sa femme. 

3Il leur répondit : Que vous a commandé Moïse ? 

4— Moïse, dirent-ils, a permis d'écrire une attestation de rupture et de répudier. 

5-6Jésus leur dit : C'est à cause de votre obstination qu'il a écrit pour vous ce commandement.  Mais au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme ; 

7c'est pourquoi l'Homme quittera son père et sa mère [et s'attachera à sa femme], 

8et les deux seront une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. 

9Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni !

10Lorsqu'ils furent à la maison, les disciples, à leur tour, se mirent à l'interroger à ce sujet. 

11-12Il leur dit : Celui qui répudie sa femme et en épouse une autre commet l'adultère envers la première, et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet l'adultère.

Drôle de texte pour ce dimanche de fête de la création ! Pourtant, il rappelle quel est le projet de Dieu concernant les humains à la création : aimer, et vivre en « faisant un ».

Séparation

La loi de Moïse montre que l’être humain, loin de la perfection, rencontre des problèmes de couple ! Des difficultés variées et deux règles. Une stricte (Shammaï), où la répudiation ne concernait que l’inconduite sexuelle. Une plus large (Hillel), où la séparation était décidée en raison d’une inconduite sexuelle, une stérilité, une inaptitude aux tâches ménagères (!) ou un manque d’attirance. Évidemment, dans la société patriarcale de l’époque, l’homme avait tous les droits, et tous les problèmes étaient souvent attribués à l’épouse …

Alors, un article concernant la séparation est écrit en Dt 24,1 : l’homme a le droit de répudier sa femme, mais il doit lui fournir un certificat de répudiation (rupture du contrat de mariage) qui lui permettra de conserver un statut civil. On peut être choqué d’une telle disposition, mais dans le cas de la polygamie en vigueur à l’époque, la répudiation pouvait permettre à une femme de retrouver la liberté et la possibilité de se remarier.

Le piège

Où est donc le piège tendu à Jésus ? Au temps de Jésus, c’est la règle Hillel qui est souvent appliquée. Elle protège moins les épouses qui peuvent être répudiées pour de nombreux motifs, mais elle peut aussi être utilisée par la femme ! Il existe donc une réciprocité dans la décision de rupture.

Jésus refuse de rentrer dans le débat sur les règles de ruptures (v 5-6) et interroge sur la nature humaine en rappelant l’idéal de Dieu lors de la création. Ce qui est permis n’est pas recommandé, Dieu souhaitait une unité indissoluble. Et Jésus essaie de remettre en avant l’union de deux êtres, l’amour, l’attachement… Comment deux êtres peuvent-ils s’attacher ?  Voilà la question que renvoie Jésus à ceux qui essaient de le piéger. Jésus essaie de les faire sortir des règlements pour retourner au projet divin, à l’amour dans le règne de Dieu et entre les humains.

Le piège aujourd’hui

Le piège de ce texte est aujourd’hui de le lire à la lettre, comme les pharisiens le faisaient avec la Loi. Et d’interdire les remariages…Or quand Jésus affirme « Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni ! » (v 9), il ne rajoute pas un interdit, mais souligne l’importance de l’amour dans le projet de Dieu. Le divorce est une réalité douloureuse pour de nombreuses personnes, il n’est pas question d’utiliser ce texte pour ajouter de la culpabilité.

Et l’adultère dont il est question envers l’époux/l’épouse répudié.e ( v 11-12) est une manière de dire les dommages subis par le conjoint répudié. Jésus prend ainsi la défense du plus faible qui subit un préjudice. La séparation n’est pas un acte à prendre à la légère, même si la Loi de Moïse le permet.

Ce texte est donc une exhortation à rechercher l’amour, car le projet de Dieu pour les humains est bien, dès la création, l’amour !

Corinne Gendreau
Pasteure, rédactrice en chef

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