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En temps de crise

Seigneur, apprends-nous à prier…

26 mai 2020

Lors de la pandémie du Covid19, beaucoup de personnes se sont mises à prier. Peut-être vous aussi et bien souvent on s’est senti démuni et incapable de prier « comme il faut ».

Car en dehors du Notre Père, on ne sait pas comment prier.

Devant ce constat, je vous dis que la prière du chrétien est, avant toute autre chose, un grand privilège.

Prier n’est pas une obligation chrétienne, n’est pas un devoir religieux à accomplir ni une bonne œuvre en faveur de la divinité ou de quelqu’un d’autre. Prier n’est pas non plus une arme secrète contre les aléas de la vie. La prière n’est pas la force spirituelle qu’il faut pour faire bouger mystérieusement le bras de Dieu.

Non, prier c’est le privilège de pouvoir se présenter, tel quel, devant le Très-Haut, sans se mettre sur son trente-et-un religieux, sans être dans une ambiance précise, sans se mettre à genoux.

D’une certaine manière, Dieu nous met « à sa hauteur » quand nous prions, nous nous retrouvons d’égal à égal avec lui.

Prier est un dialogue avec notre Créateur, qui peut avoir lieu en toutes circonstances et de toutes manières et il peut prendre toutes formes imaginables et inimaginables. Ce privilège qu’est la prière nous rappelle sans cesse que nous ne sommes pas seuls, abandonnés, mais qu’il est là, où que ce soit et quoi qu’il arrive.

 

En ces jours étranges de l’épidémie, les êtres humains ont peur, se sentent seuls et sont angoissés devant l’avenir. Ils se trouvent avec un sentiment d’abandon et pleurent devant Dieu. Se plaindre de son sort devant Dieu, accuser Dieu du mal qu’on vit, réclamer des comptes auprès de lui, est une forme de prière, vieille comme le monde. Oui, nous avons le droit de lui dire ce qui nous accable, ce qui nous fait mal, ce qui nous angoisse voire lui faire des reproches sur son absence que nous ressentons. « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Ps. 22)

Mais dans ce dialogue avec Dieu, j’exprime aussi ma joie et ma reconnaissance quand je vois en regardant derrière moi le chemin parcouru, quand je me réjouis de la beauté de la Création ou encore quand je me rends compte de l’amour qui m’entoure. Je peux dire merci pour la vie, la mienne et celle des autres.

Dans cette démarche, l’essentiel ne consiste pas à dire poliment « merci » à Dieu comme si je lui devais une prière. Non, la louange me remplit moi-même de lumière et d’un regard positif.

Les expressions les plus variées peuvent donner vie à cette reconnaissance.

David dansait pour le Seigneur, d’autres chantent à la gloire de Dieu, exprimant ainsi leur reconnaissance. Vous pouvez chanter partout où vous êtes, même derrière le volant de la voiture. Vous pouvez vous tenir devant Dieu avec un simple sourire ou encore une profonde joie ressentie dans votre for intérieur, sans dire un mot. Ce sont des prières possibles et vous pouvez inventer encore d’autres formes pour louer Dieu et lui montrer votre reconnaissance.

 

Le regard sur la Création me fait aussi pousser des cris d’alarme. Voir les humains dans la souffrance, dans le désarroi et la peur, me fait crier vers Dieu. Dans ces prières, je me solidarise avec les plus faibles, les pauvres et souffrants.

Cette prière d’intercession n’a pas forcément besoin de paroles liturgiques. Elle s’exprime dans des paroles, des gémissements et des soupirs venant du fond de notre être. Elle est souvent inaudible pour les autres, parfois accompagnée de larmes, voire d’une certaine colère sur notre incapacité à changer le monde.

Prier ainsi ne change pas le monde et ne fait pas forcément bouger le bras de Dieu, mais rapproche les hommes de Dieu et me rapproche des hommes par Dieu.

Approchez-vous de Dieu, et il s'approchera de vous (Jacques 4.8).

Andreas Braun
pasteur à Talence

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