Aqueras montanhas
En 2003, pour protester contre une décision qu’il avait jugée injuste, Jean Lassalle entonnait à l’Assemblée nationale une chanson
attribuée à Gaston Fébus et bien connue dans notre région, « Aqueras montanhas », avant d’être tancé par son président d’alors, Jean-Louis Debré, pour avoir dépassé les bornes du protocole. Toujours pour protester, il entreprit plus tard une grève de la faim qui lui causa d’irréversibles problèmes de santé.
Les limites des uns seront toujours les obstacles des autres. Il en est que la mesure de notre humble place nous invite à ne pas franchir, et d’autres qui appellent le dépassement : les progrès scientifiques, les grandes découvertes, les luttes sociales en sont les témoins. La tentation de la démesure guette : il n’est que de jeter un œil aux projets des milliardaires de la Silicon Valley pour s’en convaincre, de leurs bunkers surprotégés pour survivre aux catastrophes climatiques en autarcie à la colonisation de Mars en passant par leur passion pour l’eugénisme. Mais ce qui préserve de l’hubris, c’est la volonté de vivre avec les autres et non contre eux.
C’est cette volonté qui pousse tant d’hommes et de femmes à s’engager et à partager leur idéal de justice, car les montagnes, « qui tan hautas son », ne s’abaissent que dans les chansons. Seuls les efforts tenaces parviennent à y frayer des passages.