Édito

Aujourd’hui j’ai mal

01 octobre 2020

Lors de la bénédiction du mariage œcuménique d’un couple d’amis, je me retrouve à la porte de l’église, gentil blanc en vêtements sombres aux côtés d’un prêtre africain, donc bien plus sombre que moi, mais vêtu de son aube blanche. Nous sommes là, ensemble côte à côte, pour accueillir les futurs mariés. Sur le parvis de l’Église, la mère du marié s’écrie : « quelle belle portée de musique ! »

Depuis, cette phrase est restée gravée en moi. C’est peut-être la seule fois dans mon existence que le noir et le blanc ont été à ce point mis en comparaison, mais quelle belle emphase poétique.

Je dois avouer que la couleur m’importe assez peu. Moi-même suis-je vraiment blanc ? « Blancassou », peut-être, « beigeasse » parfois, voire biscotte légèrement grillée après avoir subi les assauts du soleil. Je ne me définis jamais par ma couleur, alors définir celui que je rencontre par la teinte de sa peau, je ne comprends pas.

Dans ma rencontre avec l’autre, quel qu’il soit, j’aime découvrir ce qu’il est, d’où il vient, ce qui le construit, les différences qui nous opposent, les points communs qui nous rapprochent…

 

Aujourd’hui, j’ai mal. Je ne supporte plus qu’une femme, un homme, un enfant soit tué uniquement pour sa couleur. Notre monde, tout en prônant la Liberté et l’Égalité, stigmatise tout un pan de notre humanité. Et pour certains, comme il est différent de moi, j’ai le droit d’effacer son existence.

Aujourd’hui, j’ai mal. Tuer à bout portant un homme parce qu’il a exprimé son désaccord. Quelle société peut accepter cela !

Aujourd’hui, j’ai honte. C’est le monde dans lequel je vis qui laisse faire ces crimes.

 

 

 

Nicolas Boutié
rédacteur en chef du Cep

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