Liban : vers l’espérance, malgré tout !
Guidés par le directeur de l’Action chrétienne en Orient, le pasteur Mathieu Busch, une quinzaine de pasteurs a rendu visite aux partenaires libanais de l’œuvre. Silvia Ill était du voyage.
Ces partenaires font respectivement partie de l’Union des Églises évangéliques arméniennes du Proche-Orient et du Synode national évangélique de Syrie et du Liban.
De l’école de théologie protestante du Moyen-Orient à Beyrouth qui forme des pasteurs, en passant par l’Université arménienne connue pour son exigence académique et la qualité de ses chercheurs, l’Entraide de l’Église arménienne auprès des rescapés du génocide, l’école secondaire et l’Église protestante arabophone à Tripoli, jusqu'aux écoles et Églises évangéliques arméniennes à Miniara (nord-ouest du mont Liban) et à Anjar (plaine de la Bekaa), tous les acteurs ont en commun de chercher à ouvrir un avenir à des jeunes comme aux populations défavorisées. Ceci dans un contexte de communautarismes religieux, de banqueroute de l’État, de quasi-absence de gouvernance, d’émigration massive des jeunes et d’affluence importante de réfugiés syriens.
Au-delà des clivages confessionnels
Si les œuvres évoquées ci-dessus disposent traditionnellement de moyens importants, grâce aux dons provenant d’Églises américaines et européennes, nous avons été témoins de leur précarité actuelle liée à la crise économique et au désengagement de l’État qui ne fournit, à titre d’exemple, plus que quelques heures d’électricité par jour. Ainsi l’école secondaire de Tripoli, avec ses salles de cours récentes bien équipées, est confrontée à la difficulté de payer ses enseignants et de continuer d’accueillir des élèves de toutes catégories sociales, parce que les générateurs d’électricité nécessaires au fonctionnement de l’établissement absorbent la moitié du budget.
En l’absence de liquidités à l’intérieur du pays, les acteurs du terrain dépendent plus que jamais des « fresh dollars » en provenance de l’étranger pour survivre. De même pour l’Église protestante de Miniara, avec son école accueillant des enfants de réfugiés syriens, majoritairement musulmans, et l’aide sociale et éducative apportée à leurs familles souvent désocialisées, dans un contexte de tensions entre populations locales et personnes réfugiées dans des camps près de la frontière syrienne.
Dépouillement général
Le courage immense de tous les partenaires de l’Action chrétienne en Orient ne peut pas occulter cette question : comment poursuivre l’œuvre de solidarité dans un contexte de dépouillement général et donc de manque de perspectives pour étudier, travailler et même se nourrir ?
C’est ici que la foi est appelée à jouer un rôle prophétique, à l’exemple de la rencontre du prophète Élie avec la veuve de Sarepta (près de Saïda, au sud du Liban), dans le premier livre des Rois. Tous deux sont les mains vides, mais leur solidarité ouvre sur un miracle qui nous appelle à reconsidérer la réalité de la précarité sous l’angle de la confiance en Dieu et en l’autre.