N'ayez pas peur!
Il semblerait que cette expression est citée 365 fois dans la Bible, soit une pour chaque jour. Dans nos sociétés, nous pouvons constater que les peurs se développent, accentuées par les réseaux sociaux. Nous pouvons être effrayés par les images de violence entrées dans nos salons par les médias. « N’ayez pas peur », c’est peut-être dénoncer ceux qui profitent de nos peurs, les prophètes de malheur qui en font une profession, avec des idéologies nauséabondes ou des explications totalitaires et globalisantes du monde. « N’ayez pas peur », c’est aussi être lucides et analyser nos propres peurs : est-ce le changement climatique ou l’arrivée massive de migrants qui nous fait peur ? Ou le nécessaire changement radical de nos styles de vie ? Signe des temps, notre vocabulaire s’est enrichi de substantifs se terminant par « phobie ». Or la phobie est étymologiquement une peur, et non obligatoirement une haine qui peut en être une conséquence… Et ce « N’ayez pas peur » devient alors très actuel : il me pose la question de mes propres phobies, des phobies de mes contemporains ; il me dit que le recours systématique à l’indignation ou à la réponse pénale (même justifiée) n’est pas efficace dans l’éradication des peurs, pas plus qu’une culpabilisation systématique ; il m’invite à la responsabilité et à la lucidité. Dans la tempête, Jésus délivre ses disciples de leur peur, cette peur du changement (« passons sur l’autre rive »), non par une condamnation ou une culpabilisation, mais par la confiance, quand bien même cette autre rive ne sera pas celle du repos.