Justice

Pour restaurer, punir et guérir

31 octobre 2019

La 7e Convention du Forum protestant aura lieu le samedi 23 novembre à Paris autour de la question du sens de la peine.

Pourquoi punit-on ? Et pourquoi, notamment, incarcère-t-on les personnes qui ont transgressé la loi commune par un crime ou un délit ? Ces questions se posent rarement, tant leurs réponses semblent évidentes. Et pourtant, elles ne vont nullement de soi. Ou plus exactement, les différents sens de la peine s’entremêlent, s’entrechoquent, s’amalgament.

 

On sanctionne pour que l’infracteur expie : il a brisé un équilibre social, il a fait souffrir, voire mourir, un ou plusieurs de ses semblables ; il doit donc payer sa dette à la société, et souffrir à son tour. L’expiation forcée est en quelque sorte une vengeance de tous contre un. Mais où est la justice lorsque la parole est à la vengeance ?

 

Rétablir un ordre social

Mais on emprisonne aussi pour protéger la société. Un délinquant ou un criminel est considéré comme dangereux : il doit donc être mis derrière de hauts murs, des miradors et des barbelés, pour que les honnêtes citoyens puissent continuer à vivre tranquillement. Mais dans ce cas, qu’en est-il du jour de la sortie ?

 

On incarcère également des infracteurs par rétribution. Un tel a commis tel acte, cela vaut telle peine d’emprisonnement ; tel autre acte, telle autre peine. Il y a donc une équivalence entre les faits transgressifs commis et les sanctions subies. Mais ce temps passé en cellule n’est-il pas délétère ? Ne représente-t-il pas une exclusion sociale qui hypothèque toute réinsertion (voire toute insertion) ?

 

La justice cherche alors à réhabiliter. Dans les pays scandinaves, la justice bénéficie de suffisamment de moyens pour faire en sorte que le temps d’isolement en prison ne soit pas du temps perdu, mais soit valorisé pour préparer la sortie, la réintégration dans le monde des hommes libres. L’infracteur est alors réhabilité. Les résultats ne sont cependant pas au niveau des espérances et des volontés politiques. N’y a-t-il pas quelque illusion à vouloir réhabiliter par la punition ?

 

La justice restaurative fait sa percée dans un certain nombre de pays anglo-saxons, et est inscrite dans la loi française depuis 2014. Elle cherche à restaurer la relation brisée entre l’auteur des actes, la victime, et la communauté. Une utopie concrète, et qui marche ? L’expérimentation est trop courte pour en faire déjà le bilan.

Professeur Frédéric Rognon
(c) Commons wikimedia

 

Restaurer la relation brisée

Enfin, la justice peut peut-être guérir. Le travail des aumôniers de prison va dans ce sens : l’incarcération est parfois l’occasion de faire un retour sur soi et sur sa vie, et de découvrir une Parole libératrice et rédemptrice. Certains détenus disent que c’est parce qu’ils ont été au fond de l’abîme qu’ils ont rencontré Dieu.

 

Ces différents sens de la peine se conjuguent bien souvent : non pas une justice pour punir, ou pour restaurer, ou pour guérir, mais bien une justice pour restaurer, punir et guérir. Loin de toute univocité, la finalité de la justice est plurielle, foisonnante.

 

En savoir plus

Justice pour restaurer, punir et guérir : les sens de la peine en questions

7e Convention du Forum protestant

Samedi 23 novembre de 10 h à 18 h

Espace protestant Marc Boegner, 27 rue de l’Annonciation à Paris (16e)

Renseignements et inscriptions :

https://forumprotestant.fr/7e-convention-forum-protestant-justice/

Frédéric Rognon
professeur de philosophie à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg

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