Synode national de l’Église protestante unie : L’expérience d’un rapporteur
C’est un cycle synodal spécialement long qui a porté le thème « Mission de l’Église et ministères ». Étienne Berthomier, membre de l’équipe des rapporteurs nationaux, en résume les enjeux à la veille du Synode.
Comment s’est décliné ce « cycle synodal » plus long qu’à l’habitude ?
Sur ce thème, on a eu deux cycles synodaux. Le premier définissait une vision d’ensemble, de grandes orientations pratiques sur le sujet, aboutissant à la Charte pour une Église de témoins et des grandes orientations. Dans le second cycle (2023-24), à partir des orientations définies, il s’agit d’enclencher des décisions concrètes pour tenter de réformer l’Église dans son ensemble en vue de sa mission.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans ce long processus ?
Premièrement, la thématique de l’évangélisation, de la mission n’est pas quelque chose de très familier dans notre Église. Les mots « mission » et « évangélisation » amènent toujours des clichés (colonisation, télévangélistes américains…). Il fallait déjà déminer ce terrain et s’approprier, à notre manière, ce qui est une réalité de la vie chrétienne. Et sur cette difficulté, je pense qu’on a bien avancé. Avec la Charte votée à la quasi-unanimité, à Mazamet en 2022, on a senti une vraie réception de cette thématique.
En second lieu, on a été confrontés à une Église qui, en beaucoup d’endroits, est très fragile. Difficulté à trouver des conseillers, absence prolongée de pasteur… Mais une Église missionnaire, ce n’est pas forcément une Église remplie qui tourne bien ! Soyons ce qu’on est, en ne le vivant pas seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour d’autres qui ne sont pas parmi nous pour le moment. Même avec très peu, il y a toujours quelque chose à partager.
Qu’attendez-vous du Synode national ?
Il faudrait avancer encore d’un pas dans notre culture d’Église pour apprendre à être des témoins.
En termes de décisions, nous avons mis en avant trois grands domaines : la vie d’Église, les ministères, la formation.
La vie d’Église : c’est, surtout au niveau des régions, soutenir une vision missionnaire et accompagner avec le plus de souplesse possible des lieux de vie plus informels dans leurs projets.
Les ministères : le pasteur pourrait être appelé à former davantage les paroissiens dans une optique de témoignage et à coordonner, dans le cadre de son ministère de communion, la diversité des acteurs… surtout s’il y a de nouveaux ministères.
Car nous évoquerons la reconnaissance d’un nouveau ministère, un « ministère particulier » (rattaché à l’Union nationale) qui pourrait recouvrir des profils assez variés, en fonction des besoins de la mission de l’Église.
La formation : une « Église de témoins », ça ne passe pas seulement par les pasteurs et quelques ministères spécialisés. Il faut penser la formation de tous et, pour cela, renforcer la coordination nationale, avec deux dossiers prioritaires :
- le travail sur un socle commun de formation pour tous ceux qui sont engagés dans l’Église ;
- une réforme de la formation des pasteurs.
Au cours de ce processus, nous avons vu la nécessité de formations en alternance qui donnent une large place au terrain. Les étudiants en théologie sont en paroisse seulement en cinquième année ! Et c’est sur le terrain que se révèlent les problèmes de relations, de savoir-être, de culture commune…
Étienne Berthomier a été pasteur au Chambon-sur-Lignon, à Angers-Chollet, et exerce actuellement à Lorient (Morbihan)