Marc 7.24-30

Une parole qui change tout !

01 mars 2021

Ce texte de l’évangile de Marc est proposé comme lecture le vendredi 5 mars. La parole est libre, elle ouvre des perspectives d’avenir.

La femme inquiète arrive à obtenir de Jésus ce qu'elle espère tant: la guérison de sa fille. 

Texte biblique (traduction Nouvelle Bible Segond)

24 Jésus partit de là et s'en alla dans le territoire de Tyr. Il entra dans une maison ; il voulait que personne ne le sache, mais il ne put rester caché. 25 Car une femme, dont la fille avait un esprit impur, entendit parler de lui et vint se jeter à ses pieds.

26 Cette femme était grecque, d'origine syro-phénicienne. Elle lui demandait de chasser le démon de sa fille. 27 Jésus lui dit : Laisse d'abord les enfants se rassasier, car il n'est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. 28 Oui, Seigneur, lui répondit-elle, mais les petits chiens sous la table mangent les miettes des enfants. 29 Alors il lui dit : À cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille. 30 Et quand elle rentra dans sa maison, elle trouva que l'enfant était étendue sur le lit, et que le démon était sorti.

L’auteur de l’évangile de Marc nous rapporte ce récit, beaucoup sobre que celui de Matthieu. On peut hésiter quant au genre même de ce texte : un mélange de parabole et de guérison. La concision du récit accentue l’impression d’étrangeté.

Une géographie étrange : Jésus se déplace dans un territoire de la taille d’un département français mais dont les distances sont à compter en temps de marche. Marc nous ferait presque attraper le tournis en décrivant les déplacements incessants de Jésus. Jésus se rend dans une terre étrangère, une terre impure, une terre dans laquelle il est donc étranger.

Une étrange femme étrangère, doublement étrangère, non-juive et appartenant à une autre ethnie s’y trouve. Pourquoi est-elle là ? Dans la maison d’un homme ! Et d’un homme qui cherche à se cacher ! Tous les deux sont étrangers, Jésus, et la femme. Étrangers dans le contexte du lieu, étrangers l’un à l’autre, mais il s’établit une relation. En interpelant Jésus, la femme se jette à ses pieds, un geste de confiance qui brise tous les tabous. Mais un dialogue s’établit entre eux deux. Et si la femme le nomme « Seigneur » même si ce « Kyrios » désigne le maître de maison, ce n’est pas la reconnaissance d’une messianité de Jésus comme dans le récit de Matthieu.

Une ouverture

Élian Cuvillier, dans son commentaire de l’Évangile de Marc nous le fait remarquer : c’est la seule femme dans cet évangile qui dialogue d’égale à égal avec Jésus, et qui réussit, là où les démons, les esprits, les disciples eux-mêmes ont échoué : ouvrir une nouvelle perspective à Jésus, celle de l’universalité de sa mission. Certes, avec moins de détails explicites comme dans le récit relaté par Matthieu, mais avec un portrait de cette femme qui montre chez Marc une bonne connaissance de la psychologie féminine.  On le discerne très bien dans les attitudes réciproques de Jésus et de la femme.  Jésus évoque le rassasiement des enfants, la femme évoque plus rationnellement les miettes dont profiteront les petits chiens. Elle est femme et mère, elle voit que les restes peuvent aussi nourrir.

Le changement

C’est à cause d’une parole que Jésus va lui-même changer son regard, se convertir. Le miracle s’opère ; il n’est nullement écrit par qui et comment, on ne sait pas même ce que deviendra cette femme, en revanche on voit que c’est un tournant important dans la mission de Jésus. La Parole interpellée par une parole ; une rencontre où le dynamisme de la Parole s’oppose à toute idée d’une Parole figée, une rencontre que nous-mêmes nous pouvons faire avec nos mots, nos demandes, en faisant dialoguer nos propres paroles avec la Parole. Il nous arrive de nous poser la question du silence de Dieu, mais posons-nous aussi la question de notre propre silence quand nous n’osons pas l’interpeller par la prière et par l’action.

Bernard Tournier
Membre du Comité de Rédaction d'Ensemble

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