CEVAA

CEVAA. Échos d’un séminaire en Suisse. Quand l'Afrique et l'Europe se rencontrent...

21 décembre 2016

Organisé par la Cevaa à Sornetan, dans le Canton de Berne, ce séminaire a réuni une vingtaine de participants, représentant des Églises européennes (Suisses, Italiennes, Françaises) et des Églises vivant en Europe mais issues d'Églises de l'immigration.

La Cevaa, c'est la communauté des Églises réunies depuis 1971 en une même mission. On ne distingue plus entre des Églises-mères, ayant envoyé des missionnaires, et des Églises-filles créées par ces derniers. On est à égalité entre Églises, à devoir relever le témoignage de l'Évangile dans le monde. L'ÉPUdF participe à la Cevaa par l'intermédiaire du Défap, son organe missionnaire.

L’amour

L'objet du séminaire, intitulé « Famille, Évangile et culture », visait à expérimenter ensemble la pratique de fiches bibliques pour la formation théologique (catéchisme, groupes bibliques, éthiques, etc.) dans nos Églises respectives. Compte tenu des approches parfois contrastées entre l'Afrique et l'Europe, tant dans les habitudes et traditions familiales que dans la façon d'interpréter les Écritures, on aurait pu craindre des oppositions frontales. Il n'en a rien été : le travail biblique, quand il est attentif, respectueux du texte, permet de mettre à distance les préjugés culturels et doctrinaux. Les Écritures, pas plus le premier que le second Testament, ne proposent de modèle familial unique, idéal, de volonté divine ! Même la généalogie de Jésus est soigneusement présentée par Matthieu comme bancale et entachée de scandales (les seules femmes mentionnées renvoient à des épisodes sulfureux, les rois cités ont souvent eu des vies conjugales mouvementées, et il manque une génération au total annoncé !). Du coup, ce que les Écritures disent de la famille ne relèvent pas tant de la norme, que de rendre témoignage à la parole de Dieu qui dans ces diverses situations permet à une vie digne de l'humanité de se frayer un passage...

La confiance

Je reviens de ce séminaire avec deux ou trois convictions plus que jamais affirmées. D’abord, le travail biblique est une base essentielle de l'unité entre les Églises, au-delà des différences culturelles et ethniques. Ensuite, je m’aperçois que les personnes issues de l'immigration sont encore victimes de discrimination raciale au sein même de nos Églises (le plus souvent inconsciente, mais ça ne change rien à la réalité) ! Que ce soit au sein même de notre ÉPUdF, ou bien dans la façon dont elles sont considérées en tant qu'Églises ''africaines'' (pour ne parler que d’elles !). Certes, elles connaissent des difficultés propres (en particulier les pasteurs auto-proclamés, et leur réticence à se joindre à nos Églises européennes), mais elles doivent être considérées comme partie prenante de l'événement migratoire. On ne peut demander à des gens qui ont eu le courage de tout quitter de n'avoir pas le réflexe (sans doute salutaire) de se regrouper autour d'une pratique religieuse qui leur donne consolation, assurance et fraternité... un brin d'humanité dans un monde tellement dur. Enfin, les relations avec ces Églises sœurs sont un témoignage de la plus grande importance symbolique dans une société française rongée par la méfiance (autre nom du péché) et la désignation de boucs émissaires. Ce devrait être une de nos priorités pour les années qui viennent. Si vous passez par Sornetan, petit village suisse du Canton de Berne, écoutez de toutes vos oreilles. Je suis sûr que vous entendrez l'écho de nos cantiques multicolores !

 

Didier Fiévet Pasteur à TO7, Toulouse.

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