Comment prêcher pour tous, vraiment ?
L’Église dans son intégralité ainsi que le monde habité est destinataire de la Bonne Nouvelle. Mais la diversité du public dans nos assemblées est parfois difficile à prendre en compte. Comment faire pour accueillir le plus largement possible même ceux qui ne communiquent autrement que par la parole ? Comment adapter la prédication ainsi que les activités de l’Église pour que le message puisse atteindre chacun ?
En 2001 Raphael Picon publiait le livre « Tous théologiens ». Il y encourageait le plus grand nombre à s’autoriser un discours théologique, à savoir tout simplement parler de Dieu. De la même façon on pourrait comprendre la prédication comme un acte de communication qui vise large, c’est-à-dire un acte qui essaie de transmettre un message par tous les moyens que la communication met à notre disposition. Qui d’entre nous n’a pas été rebuté ou au contraire attiré par l’ambiance d’une église ou d’un temple, par la façon dont nous sommes accueillis, par l’appel fait à tous nos sens, et aussi par une parole qui nous est adressée sous ses différentes formes, par l’image, par des exemples qui font appel à notre mémoire, qui évoquent des souvenirs et qui mettent en marche pour l’avenir ?
Intertitre : Une ambiance créatrice de confiance
Pendant les dernières années en Église, nous nous sommes entrainés à organiser des moments à part (souvent au moment du culte) où nous faisons un effort pour parler et vivre des moments forts avec les jeunes générations (enfants et ados). Mais c’est souvent dans la normalité d’un culte avec sa régularité liturgique que beaucoup de personnes trouvent leurs repères et se sentent à leur place. Et ceci vaut particulièrement pour des personnes en situation de handicap. Le rituel crée un sentiment de sécurité et de confiance, essentiel à tous pour participer pleinement à la vie de la communauté.
A la Fondation John Bost nous faisons usage d’un certain nombre d’objets spécialement conçus qui font référence à des moments distincts du culte, (par exemple les bougies qu’on allume pour aider à accueillir personnellement chacun, la corde de prière au moment du Notre Père). D’autres pictogrammes (à télécharger gratuitement à l’adresse https://www.johnbost.org/vie-spirituelle/dessin-liturgie/) ou objets peuvent marquer les temps de l’année liturgique, ou illustrer le déroulement du culte
On peut aussi imaginer un accueil et un accompagnement pendant le culte pour une personne handicapée par un membre de la communauté (si celle-ci n’est pas déjà accompagnée par un professionnel). Ceci l’aide à se repérer et à mieux vivre le moment de culte grâce à une relation de confiance.
Intertitre : un message simple qui transparait dans nos actes
Les gros mots de la foi sont souvent incompréhensibles pour nos contemporains, alors encore plus pour les personnes avec, par exemple, une déficience intellectuelle. Prêcher pour tous, c’est rester simple. Traduire ce que nous voulons dire, ancrer notre message dans le concret de nos vies, dans des moments où Dieu agit pour nous transformer, en nous montrant que la réconciliation est possible, que l’amour est à vivre, que le royaume annoncé par Jésus de Nazareth peut se pratiquer au quotidien. Donner un sens à nos actes dans le vivre ensemble avec notre prochain, voilà un exemple que Jésus nous invité à suivre. Il aime, il accueille, il ne juge pas. Si toute cela passe aussi dans notre façon d’accueillir pleinement l’autre tel qu’il est, le message est déjà passé.