Devenir disciple : un choix radical ?
Nous vous proposons un accompagnement à la lecture du texte d’évangile du dimanche 4 septembre par le questionnement.
Luc 14, 25-33 (Traduction Louis Segond 1910)
25 De grandes foules faisaient route avec Jésus. Il se retourna, et leur dit :
26 Si quelqu'un vient à moi, et s'il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple.
27 Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suis pas, ne peut être mon disciple.
28-29-30 Car, lequel de vous, s'il veut bâtir une tour, ne s'assied d'abord pour calculer la dépense et voir s'il a de quoi la terminer, de peur qu'après avoir posé les fondements, il ne puisse l'achever, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler,
en disant: Cet homme a commencé à bâtir, et il n'a pu achever?
31 Ou quel roi, s'il va faire la guerre à un autre roi, ne s'assied d'abord pour examiner s'il peut, avec dix mille hommes, marcher à la rencontre de celui qui vient l'attaquer avec vingt mille ?
32 S'il ne le peut, tandis que cet autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander la paix.
33 Ainsi donc, quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne peut être mon disciple.
Dois-je vraiment haïr ma famille pour devenir disciple du Christ ?
Le Christ n’est-il pas censé proclamer un Évangile qui prône l’amour inconditionnel ? Je pense qu’ici le Christ nous propose des pistes de réflexion à méditer, notamment en ce qui concerne les relations familiales qui sont le terreau de notre existence et qui ont souvent une incidence profonde sur nos choix et nos orientations de vie. J’entends tout d’abord derrière ces propos une invitation à revisiter mon histoire pour tenter de discerner ce qui fait sens pour moi dans l’aujourd’hui de ma vie. Ces paroles m’exhortent alors à haïr un type de relation familiale, et non pas un être en particulier, qui prendrait le dessus par rapport à ma relation au Christ, m’invitant de fait à rejeter toute forme d’amour humain exclusif, mortifère, qui viendrait faire obstacle à mon appel à devenir disciple.
Alors, que dois-je faire concrètement pour devenir disciple ?
Devenir disciple ne consiste pas seulement à faire route avec le Christ, accompagné par un groupe de personnes, cela implique au préalable une rencontre personnelle avec le Christ vivant ainsi qu’une démarche intime et existentielle pour répondre à son appel et ainsi m’engager dans une relation d’amour et de confiance avec lui, en me décentrant de moi-même pour m’en remettre entièrement au Christ.
Mais dois-je pour cela haïr ma propre vie ? Le Christ ne nous demande pas ici de renoncer à vivre, mais il nous invite à accueillir une nouveauté de vie, une plénitude de vie que lui seul peut donner.La vraie vie en effet s’exprime dans le don total de soi, fruit de la grâce divine, ouvrant alors l’être humain à une existence libre, en communion avec Dieu et ses frères et sœurs en Christ.
Mais pour suivre le Christ, faut-il vraiment porter sa croix et souffrir ?
L’expression porter sa croix ne doit pas être comprise ici de façon littérale car l’enseignement du Christ n’encourage absolument pas à la mortification et au dolorisme qui viserait à exalter la douleur physique pour elle-même, comme moyen de plaire à Dieu. En effet, le chrétien ne doit pas rechercher la souffrance mais bien l’amour, et en ce sens, la croix accueillie devient alors le signe de l’amour et du don total. Symboliquement, porter sa croix à la suite du Christ signifie s’unir à lui, offrant ainsi la plus grande preuve d’amour possible. Le Christ ouvre devant nous un chemin de vie, un chemin de foi et de conversion et il nous invite à le suivre, dans l’humilité.
Porter sa croix fait aussi écho en moi à Simon de Cyrène sur le chemin du calvaire. Simon passait par là, il ne dit pas un mot et il porte la croix derrière le Christ. Ce geste de simple humanité prend alors un goût d’éternité, Simon devenant ainsi « collaborateur » du Christ, associé à l’offrande que celui-ci va faire de lui-même. Je crois que Dieu a « besoin » des êtres humains, même pour porter la croix de son Fils. Dieu ne nous sauve pas malgré nous, et par Simon de Cyrène, nous sommes chacun et chacune présents sur les pentes du Golgotha. À l’instar de Simon de Cyrène qui a pour un temps soulagé le Christ, je ressens que ma propre croix devient moins lourde quand j’aide mon frère et ma sœur à porter la sienne.