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Ouvrir les communautés

« Le changement nous maintient vivant »

29 décembre 2024

À l’occasion de la semaine pour l’unité des chrétiens, Daniel Vergara évoque les rapprochements entre l’Église catholique et les communautés protestantes, mais aussi les évolutions nécessaires dans la région du nord pyrénéen, où accueillir la diversité est un défi.

Daniel, tu as été pasteur en Espagne pendant plus de trente ans. Quelle est la situation du pays sur le plan religieux ?

Le catholicisme y est majoritaire : le chiffre de 48 % de la population est avancé mais il ne distingue pas les pratiquants des « sociologiques ». Ce qui est sûr, c’est que l’Église catholique perd beaucoup de fidèles. Il faut garder à l’esprit que l’État n’est pas laïc mais a-confessionnel. La nuance est importante car notre démocratie est toujours liée au Vatican par un concordat signé à l’époque par Franco (soutien financier des ministères, de quelques écoles et bâtiments). Lutter contre cela est difficile et passera sans doute un jour par une procédure juridique au niveau européen. Cela dit, la culture traditionnelle catholique est très ancrée. Les Églises évangéliques progressent, et l’islam aussi. Les protestants dans leur diversité ne représentent que 2% de la population en Espagne. D’une manière générale, l’œcuménisme fonctionne bien, avec des activités organisées dans le Haut-Aragon tout au long de l’année avec les communautés catholique, anglicane, protestante et orthodoxe.

 

Tu as dit un jour que la diversité des membres de la communauté était une opportunité pour renouveler l’Église. Qu’entends-tu par là ?

Dans les années 2000, nous avons connu un déclin et même la fermeture de plusieurs paroisses. Aujourd’hui, y compris dans les petites villes, nous sommes en présence de personnes issues de contextes culturels, religieux et socio-économiques très différents. Il y a des personnes qui viennent du large spectre protestant. Certaines recherchent un espace théologique ouvert. D’autres veulent être acceptées avec leur identité sexuelle. Nous devons aussi soutenir les émigrés, sud-américains par exemple. Comment accueille- t-on ces gens ? Comment les cherche-t- on aussi ?

En tant que pasteur, je me pose des questions sur la fonction pastorale et aussi sur une présence réformée au sein d’un contexte latin, voire romain. Mais aussi au sein d’une société sécularisée qui nous affecte tous. Il y a des gens qui ne sont plus intéressés par le fait religieux ni curieux d’un chemin de foi. Mais que fait l’Église pour manifester ce qu’elle est vraiment ? Les temps ont changé depuis 1517 et on ne peut pas plaquer la Bible ou des dogmes sur la réalité d’aujourd’hui.
Georges Cazalis, que j’ai connu, disait qu’il faut connaître le contexte dans lequel vivent les personnes et développer une théologie dont on a besoin. Bien sûr, tout cela peut déstabiliser et faire peur. Mais en leur temps, Luther, Calvin, Wesley ont aussi connu la peur des changements! Tout cela nous maintient vivants !

Je vois plusieurs similitudes entre nos paroisses du nord pyrénéen et celles de votre Sud-Ouest. J’observe qu’il y a peu de pasteurs et de grandes distances à parcourir entre les paroisses. Il y a beaucoup de personnes âgées mais peu de jeunes. Face aux besoins, comment redire des paroles d’espérance ? Il est important de coopérer ensemble et solliciter les paroisses dans ce qu’elles savent véhiculer. Quitte à ce qu’elles s’assument comme «communautés théologiques», c’est- à-dire comme chrétiens dans la réalité qui est la leur.

Daniel Vergara, pasteur de l’Iglesia Evangelica Española. Propos recueillis par Agnès de Tienda.

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