L’apport de l’œcuménisme
Le 31 octobre 1999, l’Église catholique signait avec les Églises luthériennes « la déclaration commune sur la doctrine de la justification » (DCJ). C’est le fruit de nombreuses rencontres nationales et internationales. Ce texte marque l’histoire de la théologie. Vingt ans après, nous avons fêté l’anniversaire de ce texte. Malgré un début de vie chaotique car l’Église catholique a sorti de ses placards des indulgences pour le passage en l’an 2000, au fil des ans, il a pris de l’épaisseur. Cette déclaration a été signée en 2006 par les Églises méthodistes, en 2016 par les Églises anglicanes et en 2017 par les Églises réformées (Communion Mondiale d’Églises réformées). Je retiens de ce texte tout autant la méthode que le fond. En effet, il trouve une nouvelle légitimité au regard des tensions sociétales actuelles. Je suis frappé par la grande violence qui agite nos contemporains. Au moindre désaccord ou aux grandes évolutions de la société, la violence est devenue le langage privilégié. Les injures et les coups de poings sont légions face à la fracture entre le monde agricole et le monde urbain, l’hystérisation sur l’islamophobie est dramatique, les paroles sentencieuses fusent de part et d’autre… Face à ce climat électrique, cette déclaration commune sur la justification encourage une forme de langage en contrepoint, à contre-courant, à rebrousse-poil. Les catholiques, les protestants, les anglicans n’ont pas la même conception de la justification. Pour exprimer leurs accords et leurs désaccords, ils se sont mis autour d’une table, ils ont écrit ce qui les rassemble et ce sur quoi ils restent partagés. C’est le consensus différencié. Certes, nous avons mis du temps et répandu beaucoup trop de sang entre confessions chrétiennes pour dialoguer ainsi. Mais aujourd’hui, pendant que le christianisme avance sur des relations apaisées, le monde contemporain se déchire violemment. Ainsi, contre toute attente, la forme du dialogue entre les confessions chrétiennes fait figure d’exemple et peut être célébré avec tambour et trompette tout au long de ce mois de janvier consacré à l’œcuménisme.