La conversion des Bordes
Un colloque historique le dimanche 7 juillet pour se remémorer
une histoire particulière et en tirer des leçons pour aujourd’hui.
Le 21 juillet 1574, la population de Las Bòrdas (aujourd’hui Les Bordes sur Arize), assemblée sur la place publique, décidait sa conversion en masse au protestantisme. Certes et jusqu’à sa mort en 1572 (comme le royaume de Navarre et la vicomté souveraine de Béarn), le comté de Foix avait été sous l’autorité de Jeanne d’Albret, mère du futur Henri IV et proche de Calvin. Mais pourquoi une conversion collective, et non individuelle, et pourquoi dans ce petit pays ? Quelle a été l’influence portée par cette décision jusque vers le milieu du 20ème siècle ? Et nous-mêmes aujourd’hui, pourquoi commémorer cela, qu’en faisons-nous ?
Une histoire particulière
Les Bordes était une petite cité fortifiée sur l’Arize, logée aux marges occidentales du comté de Foix. Le Carla, Sabarat, Gabre, Le Mas d’Azil, et Camarade avaient basculé dans la Réforme au début des années 1560. Tardive, et liée à la prise de l’abbaye bénédictine voisine des Salenques, la conversion des Bordes a pourtant traversé les diverses guerres et paix de religion. Elle a résisté aux épreuves du siège du Mas d’Azil (1625) et à la montée des persécutions. Puis à la Révocation de l’Édit de Nantes dont Pierre Bayle avait su donner un Commentaire philosophique. Elle a vu la lente remontée vers la tolérance (le temple des Bordes a été reconstruit en 1784, avant l’Édit de tolérance de 1787), puis vers la République. De nombreux historiens se sont penchés sur cette histoire un peu particulière, aujourd’hui souvent méconnue de nos concitoyens.
Pour commémorer cette curieuse décision, nous souhaitons organiser le dimanche 7 juillet (9h30-16h30), aux Bordes, un petit colloque historique autour de cette question des conversions en masse, de leur contexte, de leur signification, tant locale que générale. Trois historiens nous y aideront : Claudine Pailhès, qui a dirigé les Archives de l’Ariège pendant 40 ans et qui a écrit un livre sur Gaston Febus, Marianne Carbonnier-Burkard, longtemps professeur à l’Institut Protestant de Théologie et spécialiste d’histoire de la Réforme, et Jean de Saint Blanquat qui travaille sur le village et son histoire depuis longtemps.
Une histoire de l’hospitalité
Il ne s’agit pas de célébrer la version protestante des faits, et nous confronterons le récit protestant de Pierre Olhagaray (Histoire des Comtes de Foix, Béarn et Navarre, 1629) à celui du catholique Jean-Jacques Delescazes (Mémorial historique, 1644). Notre propos sera plutôt, avec la distance historique, de montrer l’hospitalité narrative à la mémoire des autres, dont Bayle avait su donner l’exemple dans ses Nouvelles de la République des Lettres et dans son Dictionnaire. Cette hospitalité semble avoir été une réalité locale, dès ces temps troublés. Elle demeure plus que jamais vitale, dans un temps où la représentation du passé peut aisément être manipulée pour écraser les autres.
On peut aller plus loin, car ces questions de conversion sont aussi des questions très actuelles, quand on pense aux difficultés pour dire, penser, et mettre en œuvre de manière apaisée une conversion en commun de nos formes de vie, de notre paradigme de société, face aux urgences climatiques, à l’épuisement de la biodiversité et des ressources planétaires.
Renseignements-inscriptions, Olivier Abel, o.abel@free.fr, 0788081500.