La mission de l’Église
Voici ma réaction (forcément très subjective et partiale) à une première lecture des contributions des paroisses sur le thème synodal 2021 : Mission de l’Eglise et Ministères.
Tout d’abord, un grand merci à toutes les paroisses qui ont renvoyé à temps leurs réflexions sur le thème.
Sur la question : « quelle est la mission de l’Église ? », il aurait été intéressant de poser la même question à nos frères catholiques.
Nous aurions peut-être eu des envolées sur la mystique de l’Église comme corps du Christ (cf Corinthiens) voir comme épouse du Christ (cf Éphésiens), une vision universelle et poétique, hors du temps et de l’espace. Un peu de mysticisme ne fait jamais de mal.
L’Église est - elle plus qu’un bâtiment ?
On peut constater que l’ecclésiologie a toujours été la parente pauvre de la théologie protestante. Ainsi le grain à moudre du dossier synodal n° 5 (pages 8 à11) : « l’Église et sa mission » a été très peu utilisé voir évacué sous le prétexte un peu facile que « c’est trop compliqué » !
On arrive ainsi à la confusion classique que l’Eglise, c’est la paroisse, alors qu’un des enjeux de la réflexion est de dépasser ce schéma mental.
Quelle ouverture et quel accueil du monde ?
Un mot revient souvent : ouverture et accueil
C’est beau, c’est grand, c’est généreux, mais c’est rarement défini ou illustré par des exemples concrets. Un des seuls exemples étant de dire que le temple de la ville est parfois ouvert en dehors des cultes…
Missions de l’Église et société
La réflexion se focalise trop souvent sur les méfaits du monde moderne (déchristianisation, sécularisation, moins de bénévoles, internet etc.). Comme si l’Église - paroisse était en opposition au monde (« l’Eglise est un rempart » peut-on lire). Notre Église a-t-elle un problème avec l’ultra modernité (expression employée par Philippe Portier et Jean Claude Willaime*) ou doit-elle tout accepter, au nom de l’ouverture, sans filtre théologique ?
La mission de l’Eglise serait -elle d’abord pour notre petit cercle ?
La mission de l’Eglise serait alors de faire revenir au bercail les protestants « distancés » selon le tryptique classique :
- le culte,
- les visites (toujours faites par le pasteur…)
- la diaconie locale.
Un message qui nous dépasse et qui nous interroge
De nombreuses paroisses reconnaissent, avec une humilité bien protestante, que nous sommes en charge du message de l’Evangile, message qui nous dépasse et visiblement nous écrase un peu. Mais nous avons du mal à le définir en terme simple et actuel qui sorte du classique « annoncer la Parole de Dieu »
Le manque des mots, « enseigner » et « transmettre », pourtant fondamental dans l’histoire et la vie du protestantisme, est frappant.
Une réflexion à poursuivre
On le voit, la tâche est encore immense pour arriver à synthétiser et condenser toutes les réflexions. Ce travail n’est d’ailleurs pas achevé puisqu’il va s’étendre sur plus de 3 ans, et 3 synodes.
Pour le futur de la réflexion, il faudra être attentif à être plus pédagogique, plus « vulgarisateur » au sens noble du terme et formuler des questions simples et claires pour cadrer le débat.
Notre « pauvrette église » (dixit Calvin) a beaucoup de ressources positives en elle.
La qualité des débats et des contributions le montre.
Bon courage et au travail, ce n’est que le début !
* Philippe Portier – Jean Claude Willaime : « La religion dans la France contemporaine, entre sécularisation et recomposition » Armand Colin – 2021
(La librairie Carève vous le fournira volontiers : librairie.careve@free.fr)