Les Militants corréziens se mobilisent
Une soixante de personnes sont venues au rendez-vous proposé par l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture, le samedi 5 octobre à Brive, pour entendre des expériences de témoins sur le thème « Face à la violence, quelles réponses ? ».
Lire un article journalistique est intéressant, mais le recevoir de vive voix est autre chose. L’histoire de Rabbi Ikola Mongu a transformé nos idées reçues [voir le numéro d’octobre d’Ensemble, p.5]. Ce qu’il a vécu, ainsi que sa famille, est la conséquence d’individus qui ont choisi l’argent, le pouvoir et la corruption au mépris du respect des droits humains. Son témoignage nous a transportés au cœur de la violence, avec son lot d’intimidations, de corruption, d’arrestations et de tortures en raison de son engagement contre l’exploitation des forêts tropicales aux dépens des peuples autochtones en République Démocratique du Congo. Aujourd’hui réfugié politique en France, il nous a redit combien il fallait s’élever contre toute forme d’injustice qui nie les pauvres et les petits, en nous appuyant sur Celui qui seul donne la force de continuer le combat.
Ensuite, une table ronde réunissant Catherine Margez, ancienne cheffe d’établissement, Christophe Mercier, ancien policier devenu éducateur spécialisé, Rabbi Ikola Mongu et frère Jean-Paul, franciscain, a permis d’envisager des propositions de réponses à la violence. Catherine Margez a dressé le tableau des violences rencontrées durant sa carrière, tant de la part des élèves que de l’institution, constat qui a donné lieu à des propositions d’amélioration. Christophe Mercier, éducateur spécialisé, a livré un rapport sans langue de bois, tout en partageant les fruits qui résultent de la proposition de rupture qu’il propose à des jeunes. Il a créé une association qui permet de les sortir de leur quotidien et de leur faire découvrir une autre façon de vivre. Un temps de rupture qui a lieu au Sénégal pour une durée de 5 à 6 mois. Sortir un adolescent ou une adolescente de son milieu est primordial. Changer de pays, de rythme, d’environnement, d’entourage, découvrir des choses nouvelles permet de construire un choix de vie différent. Frère Jean-Paul, de la communauté franciscaine de Brive, a permis d’élever notre regard avec le récit d’un des fioretti de saint François d’Assise, le loup de Gubbio. En quelques mots, il nous a fait réfléchir sur l’accueil de l’Autre, l’identification de ses besoins qu’il n’arrive pas à partager, et qui engendre la violence.
Avec la soirée et le visionnage du documentaire En toute liberté, nous avons été transportés en Irak, pays qui a connu la violence, poussée à son paroxysme. Pourtant, aujourd’hui, des hommes et des femmes ont à cœur de retisser les liens entre les communautés grâce à une radio, El Salam, qui donne la parole à tous, avec respect et bienveillance, face aux violences subies. Un beau témoignage de résilience et d’espérance qui surgit au cœur du chaos. Une atmosphère et une écoute fraternelles tout au long de l’après-midi et de la soirée nous encouragent à organiser d’autres rencontres.
De gauche à droite : Frère Jean-Paul, Catherine Margez, Rabbi Ikola Mongu, Christophe Mercier, Marie-Eponine, animatrice