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Point de vue

Les occasions manquées : Proche-Orient et climat

29 décembre 2023

L’actualité internationale, aujourd’hui la question palestinienne, éclipse régulièrement la question climatique. En janvier 1993, Bill Clinton, devenu président des États-Unis, s’attelait alors à répondre à ces deux questions. Mais dès 1994, la dynamique lancée par le démocrate s’arrêtait. Ses échecs doivent nous questionner.

 

Nous avons tous en mémoire cette photographie de la poignée de mains, inimaginable, entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat. La paix des braves était à portée de main. Si le processus commence avant Clinton, il prend avec lui une nouvelle dimension. Le président se place en protecteur des accords de Washington, signés dans les jardins de la Maison-Blanche.

 

(© Pixabay – stuarthampton)

 

Du processus d’Oslo à la victoire des Faucons

Après une reconnaissance mutuelle des deux partis, le pouvoir est progressivement transféré à une Autorité palestinienne en devenir. Les questions plus complexes comme le retour des réfugiés et le statut de Jérusalem doivent être abordées plus tard, mais les opposants au processus multiplient les actes de violence dès 1994. Des Palestiniens sont tués dans le tombeau des Patriarches par un extrémiste juif, tandis que le Hamas réplique par des attentats en Israël. Pire, en 1995, Yitzhak Rabin est lui-même assassiné par un extrémiste juif. En 2000 une seconde Intifada sonne le glas des accords passés. En 2001 Benjamin Netanyahu, arrivé au pouvoir dès 1996, se vantait d’avoir fait échouer les accords d’Oslo.

Ceux qui ont cassé le processus de paix sont désormais maîtres du destin de leur peuple respectif. Comment pourraient-ils sortir de l’impasse, la fabrique de la haine légitimant leur pouvoir ?

Clinton avait également de grandes ambitions pour le climat. Dès 1993, il tente de faire adopter des amendements anti-carbone, rejetés par le Sénat. La méthode était sûrement trop volontariste. Aux États-Unis, toute réglementation s’apparente à une atteinte aux libertés. La limitation des énergies fossiles remettait en cause le modèle de développement du pays. Quant au lobby pétrolier, il finança évidemment les candidats climato-sceptiques. Depuis, la nature n’est plus un sujet de consensus mais l’objet d’une guerre culturelle.

 

De la taxe carbone à la victoire des climato-sceptiques

En 1994, les démocrates subissent une défaite majeure aux élections de mi-mandat. Ils perdent le contrôle de la Chambre des représentants où ils étaient majoritaires depuis 42 ans ! Pire, les démocrates qui avaient soutenu le projet de taxe carbone ont perdu leur siège. Le vice-président Al Gore a beau signer les accords de Kyoto, le Sénat ne les ratifie pas. Il se présente néanmoins en 2000 sans oublier la question climatique. Mais il perd les élections en Floride à quelques centaines de voix, dans un contexte de grande confusion. Les attentats du 11 septembre 2001 font passer au second plan la question climatique.

 

Espérer

L’avenir de l’humanité est entre les mains de quelques dirigeants. Voyez le rôle majeur du Hamas à Gaza, de l’extrême droite en Israël, des climato-sceptiques aux États-Unis, arrivés au pouvoir par les élections ! La violence est toujours un levier politique, le pouvoir de l’argent est toujours d’actualité.

Malgré ces occasions manquées, il nous reste l’espérance. Certains parlent d’un « Mandela palestinien » : Marwan Barghouti, le seul, ou le dernier, capable de briser le cercle de la violence. Le principe de réalité nous place devant l’évidence d’un dérèglement climatique et questionne nos modes de vie. L’espoir est toujours permis, même si le chemin semble des plus étroits.

Éric Deheunynck
Liens protestants

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