Noël avec les plus démunis
Je suis étudiante et j’ai passé l’an- née dernière à Québec, à l’université Laval, pour faire ma troisième année de lettres modernes.
Partir à l’étranger était un projet qui me tenait à cœur, et j’ai travaillé comme serveuse pour le financer. Je savais cependant que je n’aurai pas les moyens de rentrer chez moi pour passer les fêtes de fin d’année avec ma famille.
À l’approche de Noël, des étudiantes m’ont proposé de m’accueillir chez elles pour passer la soirée du 24 avec leurs parents, mais je ne me sentais pas à l’aise d’accepter cette invitation. Il me semblait que j’aurais profité de la gentillesse de mes amies alors que d’autres affrontent la solitude sans aucun soutien. Je voulais que ce Noël- là ait un sens spécial.
Je me suis donc inscrite auprès d’une association caritative de Québec qui distribue une soupe populaire aux plus démunis. J’ai passé Noël avec les autres bénévoles de cette association et, bien sûr, avec les personnes sans abri venues là pour se nourrir, se réchauffer et trouver un peu de douceur en ce soir particulier. Je me sou- viens de regards abattus et vidés, car leur grande pauvreté et leur exclusion semblent peser encore plus ce soir-là. Mais au fil des conversations, elles s’apaisent et parviennent même à sourire un peu. J’en garde un souvenir très intense, et j’ai eu le sentiment d’avoir, pour une fois, « vécu » Noël au lieu de le célébrer.
En France, on compte actuellement plus de 330 000 sans-abri. Selon l’Insee,
leur nombre a doublé en l’espace de dix ans.