Bergerac

Regard sur notre premier accueil de réfugiés syriens

02 mai 2021

En 2016, l’Entraide du bergeracois a accueilli huit personnes ayant fui la Syrie : la famille A. composée d’un couple de grands-parents avec leur belle-fille et deux jeunes enfants ; et le couple R. avec une petite fille d’an an ½.

Dans ces 2 familles, des jeunes adultes ont été menacés, arrêtés, torturés, tués… Leurs maisons, leurs villages ont été détruits par suite de violents combats.  Des milices sévissaient et exerçaient des mesures de répression sur la population non chiite.  Harcèlement, massacres et viols autour d’eux, l’impossibilité d’aller travailler sous les tirs de barrages et les obus… ont rendu la situation insupportable et les a conduit à fuir leur pays. Après parfois plusieurs années dans un camp au Liban, ils ont obtenu un visa pour la France.

Traumatisés par la souffrance et la peur endurées, ils ont traversé des périodes de dépression. Les séquelles de ces traumatismes ont régulièrement été ravivées par les nouvelles venues de la famille restée en Syrie. Une prise en charge santé tant physique que psychologique a été proposée mais il faut du temps pour prendre conscience du besoin de « réparation ».

Soutenus par une bonne vingtaine de bénévoles qui se sont investis pour les accompagner dans les différentes étapes du parcours d’insertion, les familles se sont accrochés à leur projet d’une vie meilleure pour leurs enfants et petits-enfants.

La scolarisation des petits a été un vecteur important d’intégration dans le bourg de La Force. La crèche et l’école maternelle ont permis de multiplier les contacts, et au fil des années, les rapports avec les autres parents d’élèves se sont normalisés, avec le support des activités sportives et des invitations aux anniversaires…

La « décohabitation » d’avec les grands parents a été une étape douloureuse pour ces derniers qui, sans perspectives de travail, sont plus dans les regrets de la vie et surtout du statut social d’avant.

Après plusieurs mois dans des logements d’insertion, avec des meubles donnés, chacune des 3 familles a pu bénéficier d’un logement social et chaque maison a peu à peu été meublée à leur goût. 

Pour les jeunes parents, après l’apprentissage du français, ce fut le travail via une entreprise d’insertion spécialisée dans le maraîchage, avec un statut de salarié et un accompagnement social et professionnel.

  1. grâce à son expérience professionnelle antérieure a rapidement pu trouver un emploi, il travaille depuis 2 ans chez un viticulteur où il se voit confier de plus en plus de responsabilités.

Pour les deux jeunes femmes, l’autonomie passent par le travail et la capacité à se déplacer seule.  Aujourd’hui, elles sont en CDD et ont effectué des stages dans plusieurs secteurs dont la restauration collective. L’une a passé le permis de conduire et a maintenant sa voiture ; l’autre en est encore à la conduite accompagnée mais se prépare à se présenter prochainement à l’examen du permis.

Les familles sont aujourd’hui autonomes, tous ont gardé entre eux et avec les bénévoles de bons rapports qui leur permettent de demander un coup de main si besoin mais aussi d’en donner ; ils se sont fait un nouveau cercle de relations et amis via des activités ou par voisinage.

Leurs projets se parlent aujourd’hui en termes de reprise de cours de français, de formation professionnelle, pour progresser dans leurs perspectives d’emploi et de vacances d’été dans d’autres régions ou d’autres pays d’Europe pour rencontrer leurs cousins.

Chantal Boimard
Présidente de l'Entraide protestante de Bergerac et coordinatrice du collectif d'accueil des réfugiés

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