Tonneins honore le pasteur Jean Saint-Martin
La ville a rendu hommage à ce Juste parmi les Nations le 21 juillet, à l’occasion de la journée nationale dédiée à la mémoire des victimes de crimes racistes et antisémites, et aux hommages aux Justes de France.
Le pasteur Jean Saint-Martin est né en 1910 à Nîmes. Étudiant en théologie, il épouse Madeleine-Lucy Genet, fille de pasteur et originaire de Tonneins. Jean Saint- Martin prend ses fonctions dans les Cévennes, à Lasalle, où il exerce son ministère en se partageant entre plusieurs paroisses de 1936 à 1943.
Jean est en relation étroite avec la Cimade et les pasteurs de Nîmes. Son épouse est de tous ses combats. Le couple va cacher de nombreuses familles juives, dans le presbytère mais aussi chez des paroissiens. Dans le village de Lasalle, ils sont aidés par le maire pour sauver ces familles juives françaises dont le pasteur dénonce en chaire les persécutions. Ses activités clandestines le mettent en danger ainsi que sa famille, et en accord avec l’Église réformée, il part avec tous les siens pour Tonneins dans le Lot-et-Garonne.
Le combat continue
Arrivés dans cette nouvelle paroisse, Jean et Madeleine vont protéger la famille Genet : François, le frère de Madeleine, Colette, sa femme, née Meyer et d’ascendance juive, et Christiane, leur fille.
Aidés par les pasteurs Valette et Crespy, les trois réfugiés quittent Montpellier et posent leurs valises à Tonneins en avril 1943. Grâce à des paroissiens, ils vont pouvoir se cacher à Puch-d’Agenais, dans une petite école accolée à un temple désaffecté. Dans ses mémoires, Christiane évoque cette période : « Cette école, au bord du canal, est très froide et la nuit, le couchage dans le tambour (sas) du temple, par peur d’être arrêtés, pour fuir au plus vite, est encore plus froid. Nous devenons des clandestins. Nous n’existons plus, nous n’avons plus d’adresse. Nous n’aurons pas de tickets d’alimentation. Mon père sera nourri par son employeur, un fermier protestant, M. Laffargues de Monheurt, que Jean Saint-Martin lui a présenté. »
En janvier 44, la famille peut retourner quelques jours à Montpellier, sous la protection de Jean Valette et Georges Crespy. En août, elle peut quitter la clandestinité et reprendre une vie normale.
Le pasteur Jean Saint-Martin exercera son ministère à Tonneins jusqu’en 1949. Il est décédé à Uzès en 2000.
Rester vigilant
Sa fille Magali, présente à Tonneins le 21 juillet, avait déjà vécu une cérémonie à Nîmes en juin 2023, pour la remise à titre posthume de la médaille de Juste parmi les Nations à son père.
La cérémonie, organisée par la mairie de Tonneins et l’association Si Tonneins… Citoyens, a réuni un public nombreux, des élus, des représentants des anciens combattants ainsi que des membres de la communauté protestante de Tonneins. Elle fut également l’occasion pour le pasteur Frédéric Girard de rappeler que l’héritage de nos aînés nous oblige à une vigilance permanente vis-à-vis de toutes les idéologies qui font de l’étranger, de celui qui se distingue par une différence religieuse, culturelle ou ethnique, un ennemi ou une personne à rejeter. Rappelons-nous que nous sommes tous
« étrangers et voyageurs » sur cette terre.