Un week-end « tout en douceur »
En cette période si mouvementée d’octobre 2020, rassembler des jeunes pour un week-end ne s’annonçait pas chose facile… C’est pourtant ce que nous avons réussi à faire, du 23 au 25 octobre à l’abbaye d’En Calcat !
Avec toutes les précautions possibles et un très bon encadrement, nous nous sommes retrouvés à une petite trentaine pendant ces trois jours pour faire vivre aux jeunes un temps de rencontre, d’amusement, de créations artistiques, de réflexions, de discussions… Bref, pour prendre un bon bol d’air et se réunir autour de la première partie de la béatitude qui a été choisi pour le Grand KIFF : « Heureux les doux ».
La thématique des doux
Un thème qui, dans une période particulièrement violente après l’attentat sur Samuel Paty et décidément marquante avec l’intensification de la crise sanitaire, nous a emmenés sur le chemin de nombreuses réflexions : Qu’est-ce que la douceur ? Est-il encore possible d’être doux dans ce monde ? Y a-t-il une autre solution que d’être doux pour briser la chaine de la violence ? Pourquoi et comment faire advenir la douceur dans nos vies ?
Pas évident dans le monde dans lequel nous vivons de parler de la douceur. Et peut-être encore moins avec des jeunes ! Eux qui écoutent parfois du gansta rap ou du death metal et qui sont dans une période de leur vie où s’ouvrir avec confiance vers les autres ou le monde n’est pas forcément chose facile.
Pourtant, nous avons fait le pari d’aborder ce sujet de la « douceur » avec ces jeunes.
Comment définir la douceur ?
Le premier constat a été celui de la différencier de la « faiblesse » ou de la « mollesse ». Martin Luther King, Nelson Mandela, Gandhi et d’autres ont été cités comme des figures de « doux ». Et pourtant leurs combats ont souvent fait preuve d’une extraordinaire force. Être doux impose même parfois une grande puissance.
Nous avons pu également définir la douceur par opposition avec son contraire, l’aigreur, ce qui rend aigris ou acides. Nous connaissons tous des gens aigris, capables de transformer n’importe quelle lumière en noirceur. C’est donc dans cette idée d’être ouverts au monde et confiants en lui que nous avons aussi défini la douceur. En témoignant de choses qui nous apaisent ou nous « adoucissent », comme la nature, la musique, les rencontres, les rassemblements jeunesse, le sport, la prière, etc., nous avons essayé de rendre la douceur visible et accessible dans nos vies.
Nous avons essayé de la définir en leur donnant un éclairage théologique, de la mettre en avant avec les témoignages des animateurs, de la rechercher avec un temps spi partagé et interactif. Nous avons même proposé aux jeunes de l’expérimenter avec des ateliers permettant de mettre les mains dans la terre, dans l’argile, la peinture, la cuisine ou la photo…
Nous l’avons aperçue dans les textes bibliques, pas forcément de manière explicite mais de manière latente dans de très nombreux textes que nous avons (re)découverts : depuis la naissance de Jésus, emmailloté dans une mangeoire puis protégé du massacre des innocents, jusqu’à la prière de Jésus sur la croix pour ceux qui le crucifient, en passant par l’amour de ses ennemis, le soin apporté à son prochain, le lavement des pieds et bien d’autres textes encore.
Nous avons aussi perçu à quel point la confiance tenait une place importante dans cette notion de douceur. Et que, sans elle, la douceur ne pouvait s’exprimer.
Un culte en confiance
Un culte final a rassemblé tous ces travaux, avec le texte de Matthieu 11,29 où Jésus se définit lui-même comme « doux ». Ce culte nous a révélé un Christ qui n’est pas en train de regarder de « là-haut » ce qui se passe sur terre, mais un serviteur souffrant avec nous, à nos côtés ; un homme qui a expérimenté la violence de ce monde mais qui pourtant nous guide sans cesse vers la douceur.
Un thème qui, nous l’avons reconnu pendant ce séjour, tombait très bien dans le contexte de notre société et dans nos vies.
Rencontre
Enfin, la rencontre avec un frère de l’abbaye d’En Calcat nous en a appris encore un peu plus sur ce qu’était la douceur. Les frères eux-mêmes ne sont pas dénués de douceur. Ce ne sont pas des « extra-terrestres », ni des saints ! Ils ont besoin de cette douceur qu’ils trouvent souvent dans l’Évangile. Le frère nous disait d’ailleurs : « Sans le Christ entre nous, nous nous serions sûrement déjà écharpés ! »
Bilan
Un week-end tout en douceur avec des jeunes merveilleux. Ce qui nous ouvre le chemin vers un monde plus lumineux avec, comme prochaine étape, le weekend SO’Kiff qui aura lieu au mois de mai (du 7 au 9) au domaine de Peyreguilhot et qui abordera la deuxième partie de la béatitude : « La terre en partage ».
De doux moments en perspective !