Monter sur les planches pour s’insérer
Le Diaconat de Bordeaux a reçu la mission d'offrir à des demandeurs d'asile un hébergement et un accompagnement dignes. Durant le temps de la procédure d'asile, le Diaconat est chargé d’apprendre le français à ceux qu’il héberge afin de mieux les insérer dans la société. Pour cela, le Diaconat expérimente depuis plus d’un an une nouvelle méthode, qui connaît un réel succès.
Véritable institution protestante bordelaise, le Diaconat de Bordeaux s'est vu confié un centre d'accueil de demandeurs d'asile (CADA). Depuis mai 2016, de jeunes migrants venus essentiellement d'Afrique y sont accueillis. Cherchant à favoriser l'autonomie des nouveaux arrivants, le Diaconat a mis en place des ateliers de théâtre afin d'apprendre le langage de la vie de tous les jours.
Apprendre autrement.
Pour parler français, les demandeurs d'asile s'appuient bien souvent sur des associations qui dispensent des cours d'alphabétisation. Pour beaucoup, ces associations sont composées de bénévoles parfois pas ou peu formés. Or enseigner est un métier et être professeur de français, une vraie responsabilité.
Des demandeurs d'asile deviennent acteurs au Diaconat de Bordeaux
Aussi, le Diaconat a décidé de faire appel à l'association Le français sur les planches qui propose aux migrants de jouer des saynètes issues des situations de la vie courante. Selon son professeur, François-Xavier Lagarde, c'est un retournement des méthodes académiques. Pas de table, peu de chaises, des apprenants debout, par terre, dansant, chantant, et jouant des pièces parfois totalement absurdes. Un objectif : dépasser ses limites et s'attaquer à l'obstacle majeur, la peur de parler. Avec la répétition comme clé de la réussite. Ainsi, François-Xavier Lagarde élabore les saynètes qu'il illustre par des dessins afin de ne pas passer par l'écrit. À chaque dessin, un texte, une phrase, qui sera répété parfois des dizaines de fois jusqu'à qu'il soit su.
Des nombreux avantages.
Comme le souligne François-Xavier Lagarde, les avantages du théâtre sont nombreux. « Derrière les sourires de façade, les migrants connaissent de profondes angoisses : la peur de voir leur demande déboutée, d’être mis dans un avion. Or, tenaillé par la peur, il est difficile d’apprendre. Le théâtre rompt donc la peur laissant la place au rire ! » De plus, le théâtre permet de fédérer un même groupe autour d'une activité, chacun devant connaître son texte pour que les répliques puissent s'enchaîner. Et les avantages ne s'arrêtent pas là ! En effet, la communication ne passe pas que par les mots. Communiquer implique des mouvements, des mimiques du visage, des yeux... des éléments qui ne sont pas appris dans les cours de français. Et ces codes, qui diffèrent d'un pays à l'autre doivent être connus pour permettre l'insertion. Enfin, le théâtre est l’art de la réponse et donc de la responsabilité. Il faut que chacun connaisse son texte pour que les répliques puissent s’enchaîner.
Succès.
Décidés à relever le défi, les apprenants ont offert un spectacle pour la fête de Noël du Diaconat. Et le succès fut là, marqué par les rires et les applaudissements soutenus du public. Des signes de reconnaissance les incitants à poursuivre avec conviction leurs efforts. Aux ateliers de François-Xavier Lagarde, nombreux sont ceux qui passent pour connaître les fondements de la méthode employée. Elle ne demande qu’à se répandre comme une trainée de poudre...
En savoir plus
Pour en savoir plus, voir le reportage de TV7 :
https://www.facebook.com/tv7bordeaux/videos/1755026981183638/?id=100010290636883