Notre-Dame-du-Rugby
Située à Larrivière-Saint-Savin, dans les Landes, cette chapelle est devenue un haut lieu pour les sportifs du Sud-Ouest et d’ailleurs. Mais quelle est son histoire ?
Une chapelle médiévale abandonnée, la mort tragique de 3 joueurs de rugby landais dans un accident de voiture et la passion d’un curé : voici la genèse de Notre-Dame-du-Rugby, lieu de culte inauguré en 1967 et dédié à ce sport.
Un sport pas très catholique
Pourtant, le rugby n’a pas toujours été en odeur de sainteté côté Église catholique. Lors de la séparation des Églises et de l’État, en 1905, les patronages catholiques ont en effet manifesté leur préférence pour le foot en y investissant massivement. Le rugby était regardé de travers : il venait d’Angleterre et le premier joueur connu qui, en 1823, prit le ballon dans la main pour le mettre dans le but adverse était un futur pasteur anglican : William Webb Ellis. Le refus du rugby était tel qu’en 1906, il était même officiellement interdit dans les milieux catholiques. Violent et protestant, le rugby avait tout faux là où le football était préconisé comme un sport « porteur des valeurs évangéliques du partage et de l’amitié ». Le rugby s’est alors particulièrement installé dans le Sud-Ouest, longtemps marqué par le radical-socialisme. Les « hussards de la République », instituteurs laïcards, l’ont rendu populaire dans cette partie de la France.
Notre-Dame-du-Rugby
Il faudra une vingtaine d’années et la passion de l’abbé Pistre pour faire changer les préjugés catholiques. Joueur de l’équipe d’Albi, curé de Castres, celui-ci dira : « Le rugby s’accommode merveilleusement des textes des Saints Évangiles car, au cœur d’une mêlée, il vaut toujours mieux donner que recevoir…. des gnons ». À sa suite, d’autres prêtres du Sud-Ouest introduiront le rugby dans les milieux des jeunes catholiques.
En 1964, trois joueurs landais perdent la vie dans un accident de voiture, ce qui plonge le monde des amateurs du ballon ovale dans le deuil. Michel Devert, curé de Grenade-sur-l’Adour et amoureux du sport, a alors l’idée de restaurer une chapelle médiévale abandonnée à Larrivière-Saint-Savin et d’en faire un lieu de recueillement pour tous les sportifs, notamment les blessés. Le projet reçoit l’accord des autorités civiles, religieuses et sportives. Le 16 juillet 1967, Notre-Dame-du- Rugby est inaugurée. Ornée de 4 vitraux à thématique sportive, elle est aujourd’hui encore un lieu de recueillement. Une messe y est dite le dimanche de Pentecôte. Dans des vitrines se trouvent des maillots de joueurs et d’autres trophées ; dans une salle attenante, on trouve même un petit musée.
Au joueur blessé, vitrail de la chapelle
Notre-Dame- du-Rugby
Des filleules
Dans les Landes, deux autres chapelles sont dédiées au sport : Notre-Dame des cyclistes à Labastide d’Armagnac (1959), et Notre-Dame de la course landaise à Bascons (1970), unique au monde. Mais c’est à Rocamadour que se trouve la « filleule » la plus célèbre : la chapelle Notre-Dame de l’Ovalie. Inaugurée en 2011, elle fait partie des 8 chapelles de la cité mariale. Creusée à même le roc, elle a été construite sur le site d’une chapelle du XIe siècle dédiée à Saint Louis et tombée en ruine. Ici aussi des joueurs et amateurs du rugby viennent se recueillir, et une messe a lieu le lundi de Pentecôte. Tous ces lieux sont ouverts à la visite et gratuits.